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Obama toujours réticent à reconnaître le génocide arménien malgré ses promesses électorales

Le centenaire du génocide arménien a été commémoré le 24 avril dans le monde entier. Cependant, la Turquie et son allié américain ne reconnaissent pas toujours les exactions subies par la population arménienne comme étant un génocide.

«Le génocide arménien n’est pas un point de vue, mais un fait largement documenté», avait déclaré le sénateur Barack Obama en 2008, critiquant l’administration précédente pour avoir évité cette question délicate.

Mais à présent, Barack Obama, en tant que chef d’Etat, n’emploie pas le mot «génocide» pour décrire le massacre près d'1,5 millions arméniens dans sa déclaration annuelle de commémoration de l’évènement. Durant sa campagne présidentielle de 2008, le sénateur démocrate avait promis de reconnaître le génocide une fois élu.

«Le génocide arménien n'est pas une allégation, une opinion personnelle, ou un point de vue, mais plutôt un fait largement documenté soutenu par un ensemble de preuves historiques. Les faits sont indéniables, et en tant que président, je reconnaîtrai le Génocide arménien», avait déclaré Obama.

Il y a déjà sept ans qu'Obama est à la Maison blanche, et plusieurs états américains l'ont devancé en commémorant les victimes des massacres de l’empire ottoman comme victimes d’un génocide.

Cependant, plusieurs experts estiment que la réticence d'Obama à admettre qu'un génocide a été perpétré par les Turcs a quelque chose à voir avec le fait que Washington ne veut pas chagriner Ankara, allié et partenaire clé à l'OTAN.

En briefing de presse du Département d’Etat le 24 avril, la correspondante de RT Gayané Tchitchakyan a posé la question franchement à la porte-parole Marie Harf : «Est-ce que vous avez peur de la Turquie ?».

«Je n’essaierai même pas de répondre à cette question», Marie Harf a-t-elle rétorqué sur un ton moqueur.

Matt Lee, journaliste à Associated Press, a demandé à la porte-parole du Département d’Etat si elle savait que l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, quand elle travaillait dans l’équipe de campagne d’Obama en 2008, avait appelé les Arméniens des Etats-Unis à voter pour le sénateur Obama sur le fondement qu’en tant que président, il reconnaîtrait le génocide. Marie Harf a préféré ne pas répondre  à la question et renvoyer Lee vers la dernière déclaration d’Obama.

Le Pape François, pour sa part, n’a pas hésité à employer le mot «génocide» dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre de Rome pour décrire le massacre d'1,5 millions Arméniens en 1915.

En savoir plus : Le Pape François reconnaît le génocide des Arméniens

Ce faisant, il a risqué les relations diplomatiques du Vatican avec la Turquie qui n’a pas accepté ce terme. «La déclaration du pape, qui est loin de la réalité légale et historique, ne peut pas être acceptée», a indiqué le ministre turc des Affaires étrangères dimanche sur son page Twitter. Peu après, Ankara a annoncé qu'elle rappelait pour consultations son représentant au Vatican.

La réticence de l'administration Obama à employer un mot aussi lourd de sens, comme l'ont signalé certains membres de la communauté arménienne aux Etats-Unis, est justement lié au risque pour le président de passer pour le complice d’une Turquie qui persiste dans le déni du génocide.

A partir d’avril 1915, la plupart des Arméniens de l’Empire ottoman ont été déplacés, déportés ou détenus dans des camps, officiellement pour s’être révolté et s’être rangés aux côtés des Russes pendant la Première Guerre mondiale. La Turquie confirme qu’il y a eu beaucoup de mauvais traitements mais note que le nombre exact de victimes a été exagéré et qu’il n’y a pas eu de politique systématique d’élimination de la minorité arménienne.