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Aux Pays-Bas, la Turquie fait la chasse aux insultes faites à son président

D’après le journal néerlandais Volkskrant, le consulat de Turquie à Rotterdam a demandé aux citoyens turcs ainsi qu’aux organisations se trouvant aux Pays-Bas de rapporter les insultes faites à l'égard de la Turquie, son peuple ou son président.

Les autorités turques se démènent pour rendre l’image de leur pays intouchable à l’étranger. Après l’Allemagne, elles passent à l’attaque des Pays-Bas.

«Si vous, ou les employés qui travaillent dans vos ONG, ou leurs proches, ou les gens qui vous entourent, recevez des messages avec des insultes visant notre président, le peuple turc ou la Turquie en général via vos emails ou sur les réseaux sociaux, nous vous prions d’envoyer noms et citations au consulat de Turquie à Rotterdam», lit-on dans une lettre qui a été partagée sur Twitter.

Cette campagne vise  tous les messages insultants sur les réseaux sociaux, y compris Twitter, Facebook, mais aussi la correspondance privée.

Une telle initiative, de la part du consulat turc, a provoqué un tollé parmi les Néerlandais. Une journaliste néerlandaise, Frederike Geerdink, a déclaré dans une interview accordée à RT que les hommes politiques aux Pays-Bas s’inquiétaient, qu’ils percevaient ce «long bras d'Erdogan» comme «absolument inacceptable». 

«Le gouvernement turc essaye d’influencer ses «diasporas» dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni, en Belgique et maintenant aux Pays-Bas», a-t-elle poursuivi.

Le 20 avril, le gouvernement néerlandais a annoncé ses intentions d’abolir la loi qualifiant les insultes visant le chef d'un Etat ami d'infraction pénale, en précisant que toute personne qui croit être insultée a le droit d'aller au tribunal mais qu’une loi distincte pour les chefs d'Etat était dénuée de sens.

«On doit rappeler à la Turquie le droit à la liberté d’expression», a souligné un membre non inscrit du parlement néerlandais Joram van Klaveren, qui demande au gouvernement de mettre fin à ces interférences. Le consulat turc n’a pas encore commenté la situation.

La semaine dernière, le gouvernement allemand a autorisé le président Erdogan à poursuivre juridiquement le comédien Jan Böhmermann, dont un poème satirique sur la politique du président turc avait déchaîné la colère de ce dernier. Plusieurs organisations et des hommes politiques européens ont critiqué la décision de Berlin, précisant que même s’il le paragraphe 103 du Code pénal traitait des insultes proférées contre des organes et représentants d’Etats étrangers, il était utilisé tellement rarement qu’on ignorait souvent jusqu’à son existence.  

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