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Le centenaire du génocide arménien commémoré aux quatre coins du monde

Partout dans le monde, des Arméniens ont pris part aux cérémonies publiques de commémoration des massacres de l’empire ottoman qui ont coûté la vie à près d'1,5 millions de leurs ancêtres.

A Erevan, capitale arménienne, le président Serge Sargsian a déposé une rose jaune sur la couronne représentant une oreille de souris géante.

«Je suis reconnaissant à tous ceux qui sont ici pour confirmer encore une fois  votre engagement pour les valeurs humanistes pour dire que rien n’est oublié, que nous rappelons tout après 100 ans», a-t-il déclaré devant les officiels en visite dans la capitale arménienne.

Il a été suivi par le président russe Vladimir Poutine et son homologue français François Hollande ainsi que par des dizaines d’autres chefs d’Etat.

«La position russe a toujours été cohérente et invariable : on ne peut excuser les massacres», a dit Vladimir Poutine qui, sans peur de froisser Ankara, a qualifié les exactions perpétrées contre la population arménienne dans les années 1915-1922 sur le territoire de l'actuelle Turquie de génocide.

«Il y a en Turquie des mots, et des mots importants, qui ont déjà été prononcés mais d'autres sont encore attendus pour que le partage du chagrin puisse devenir le partage d'un destin», a déclaré François Hollande.

A partir d’avril 1915 la plupart des Arméniens de l’Empire ottoman ont été déplacés, déportés ou détenus dans des camps, officiellement pour s’être révolté et s’être rangés aux côtés des Russes pendant la Première Guerre mondiale. La Turquie confirme qu’il y a eu beaucoup de mauvais traitements mais note que le nombre exact de victimes a été exagéré et qu’il n’y a pas eu de politique systématique d’élimination de la minorité arménienne.

La diaspora arménienne dans le monde compte jusqu’à sept millions de personnes, des grandes cérémonies ont eu lieu dans de multiples capitales.

Des colombes blanches ont été relâchées dans le ciel à la suite d’une commémoration à l’Église apostolique arménienne de Moscou.

Le recensement national de 2010, en Russie, a confirmé que 1,1 millions Arméniens y résidaient officiellement.

A Paris, les victimes ont été honorées par l'extinction des feux de nuit de la Tour Eiffel.

A Los Angeles, des milliers de personnes ont marché du quartier Little Armenia en direction du consulat turc, tenant des affiches avec des messages «Nous demandons la justice» et « La Turquie doit payer». Le président américain Barack Obama a promis de reconnaître le génocide dans sa campagne présidentielle de 2008, mais a finalement évité un terme aussi explicite pour ménager la Turquie, allié et partenaire clé de Washington dans le cadre de l'OTAN.

Beaucoup d’écoles étaient fermées à Bayrouth au moment du défilé. Une procession de dizaines de milliers de personnes s'est déployée le long des rues, formant une minorité visible et active du Liban multiconfessionnel actuel.

En Syrie, où les relations sont délicates avec la Turquie à l'heure actuelle, deux commémorations massives ont eu lieu dans les rues de Damas et d'Alep.

En Allemagne, le parlement discute de la reconnaissance officielle du genocide. «Par notre propre expérience nous pouvons encourager les autres à faire face à leur histoire même quand elle fait du mal», a déclaré le président du parlement Norbert Lammert. Une proposition similaire a été déjà adoptée par le Parlement européen.

D’autres cérémonies notables ont eu lieu en Iran, à Jérusalem et en Jordanie.