Les gens du crime organisé trouvent bien pratiques ces petits appareils sans pilotes qu’on peut contrôler à distance et faire atterrir dans la cour d’une prison avec une précision absolue, permettant de ravitailler des complices à l’intérieur, en facilitant leurs lucratives affaires dans le milieu. On ne parle pas ici d’un phénomène local, mais d’une tendance mondiale exponentielle qui tend à faire des prisons des pistes d'atterrissage de drones chargés de matières illégales. Le réseau BBC News vient de publier des statistiques obtenues à travers l’Association de la presse libre, démontrant que nul petit avion téléguidé ne fut détecté autour des prisons d’Angleterre et du pays de Galles en 2013, suivi de 2 incidents en 2014 et enfin, 33 en 2015. CNN, FOX, NBC et plusieurs autres rapportaient sensiblement les mêmes crimes, avec les mêmes résultats, dans plusieurs établissements carcéraux de différents états, déclenchant l'ironie de certains via Twitter.
Même phénomène au Canada
A Montréal, où les évasions des célébrissimes gangsters Lucien Rivard et Jacques Mesrine firent jadis fait la manchette de tous les journaux, les drones tournent maintenant autour des prisons dans des proportions alarmantes. Pas moins de 45 vols de drones ont été observés dans le ciel des prisons québécoises depuis 2014, notamment autour des établissements de Bordeaux et de Rivière des Prairies. Que transportent habituellement ces drones? Tabac, téléphones, drogue, clés USB et même des couteaux.
Ce qui reste dans le domaine du possible, puisqu’un DJI Phantom, un drone très performant, est accessible à tous pour la modique somme de 700$ canadiens. Le petit appareil peut transporter une charge de 1000 grammes ; or, une arme chargée du « model 15 » de Smith & Wesson pèse à peine plus de 960 grammes!
«On fait des fouilles aléatoires, on vérifie que le personnel ne rentre pas d’objets illicites, mais les personnes incarcérées, elles? Quand il y en a à l’intérieur, il faut en faire des fouilles», a soutenu Mathieu Lavoie, président su Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ).
Le phénomène grandit aussi en France
La France n'est pas exempte du phénomène mondial des utilisations douteuses de ces petits appareils. Encore tout récemment, en février, alors qu’un Airbus A320 d'Air France en provenance de Barcelone entamait sa descente vers l’aéroport Charles De Gaulle, il a manqué de percuter un drone. Deux autres infractions sont retenues : la première est un vol autour de la Tour Eiffel, à savoir le non respect des règles de sécurité en matière de pilotage d'un appareil volant en zone urbaine, passible d'un an d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. La seconde tient au non respect du code des communications électroniques et tout particulièrement de l'article relatif à l'établissement de liaisons radio sans autorisation préalable : il s'agit cette fois d'un internaute identifié sur la base de vidéos postées sur Internet, montrant le survol du quartier d'affaires de la Défense ainsi que de certaines portions de Paris. Elle peut théoriquement entraîner six mois d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
Des pistes de solutions?
Pour contrer le phénomène qui se répand comme de l’eau dans une inondation, on propose de s’attaquer à la présence de téléphones cellulaires dans les prisons, puisque ces appareils facilitent le contrôle de la direction des vols de drones, tout comme les cartes SIM des téléphones sont les cibles ultimes sur lesquelles on ajuste la trajectoire des grands frères des drones, pilotés par des soldats américains et britanniques. Au fond, seule la fonction sociale des pilotes change vraiment ; petits et grands, les drones remplissent des taches peu reluisantes de façon anonyme, mais restent toujours diablement efficaces !