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Cristina Kirchner à RT : «Il est absurde de penser que la Russie est une menace»

Il n’y a pas de raison pour la Russie et l’Argentine n’aient pas de liens bilatéraux, a confié la présidente argentine Cristina Kirchner dans un entretien exclusif à RT.

«Je crois que la Russie est un acteur à l’échelle mondiale ; et je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas de relations bilatérales [entre la Russie et l’Argentine]», a déclaré Cristina Kirchner à propos de l’amélioration des relations russo-argentines au moment où la Grande-Bretagne accroît sa présence militaire à proximité de l’Argentine.

Le mois dernier, le secrétaire à la Défense du Royaume-Uni Michael Fallon avait annoncé un plan de 249 millions d’euros pour accroître la présence militaire britannique dans les îles Malouines et ainsi répondre à «une menace très importante».

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«Je crois que malgré toutes les assertions prétendant que la Guerre froide et les confrontations appartiennent au passé, nous vivons dans un monde plus globalisé, que nombreux sont ceux qui pratiquent la politique des "deux poids deux mesures" lorsqu’ils ont besoin d’un ennemi pour exister ou asseoir leur suprématie», a déclaré la présidente argentine à propos de la Grande-Bretagne.

Concernant les relations russo-argentines, elle a en revanche souligné que ce n’était pas la Russie, mais bien les Etats-Unis qui sont «l’investisseur le plus important» pour son pays.

«Alors, nous devrions nous inquiéter du nombre important d’Américains dans notre pays, en particulier à la lumière des évènements récents dans le monde», a noté la présidente avant d’ajouter : «Il est absurde de croire que la Russie est une menace».

Jeudi, la Russie et l’Argentine ont signé un important accord énergétique, ainsi que d’autres accords à hauteur de 2,7 milliards d’euros. La Russie entend, par exemple, investir près de 1,8 milliard d’euros dans des centrales nucléaires argentines et le géant gazier Gazprom a signé un accord portant sur l’exploration des gisement pétro-gaziers argentins, un projet financé à hauteur de 0,9 milliard d’euros.

«A mon avis, la logique des "amis et ennemis" doit cesser d’exister dans le monde, parce que, entre autres choses, elle crée des situations vraiment intolérables. C’est pourquoi, aujourd’hui, [le président de la Russie, Vladimir] Poutine et moi avons signé un accord conjoint sur le dialogue, la politique, la diplomatie, la coopération multilatérale et sur le rôle de l’ONU en tant que seul organe susceptible d’arrêter et, éventuellement, de résoudre les conflits», s’est félicitée Kristina Kirchner.

Il n’y a pas de conflits à Disneyland

La présidente argentine, qui terminera son deuxième mandat en 2016, croit qu’être une femme influence l’attitude des «cercles de pouvoir» et génère des critiques à son égard.

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«Si, en tant que femme, je faisais tout ce que les structures puissantes voulaient, je suis certaine qu’elles me féliciteraient et me trouveraient intelligente et douée. Mais en plus d’être une femme, je ne fais pas non plus ce qu’elles veulent, et c’est un double péché», a expliqué Cristina Kirchner.

Citant Margaret Thatcher en exemple, elle a ajouté qu’un dirigeant femme «n’est pas une condition nécessaire pour d’incessants critiques».

«Si quelqu’un devient directeur de Disneyland, il sera bien évidemment adoré ; tout le monde adore Mickey Mouse et Donald Duck… Il n’y a pas de conflits à Disneyland. Alors, si l’on est président de Disneyland, on sera bien évidemment apprécié car qu’y fait-on, si ce n’est se promener dans les forêts, dans les jardins et offrir des bonbons», a-t-elle plaisanté.