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Suisse : un acte d'empoisonnement provoque la mort d'un demi-million d'abeilles

Quatorze ruches ont été la cible d’un acte malveillant durant la nuit du 2 au 3 avril à Lavey-Morcles, une commune suisse du canton de Vaud, située à une centaine de kilomètre à l'est de Genève.

«Quand nous sommes arrivés pour nous occuper des ruches, nous avons tout de suite senti que quelque chose n’allait pas», ont rapporté Alois et Judith Wiggen au quotidien suisse 24 Heures. Encore sous le choc, ces deux apiculteurs amateurs ont mis quelques jours avant de se confier sur cette matinée d'horreur. 

«Il y avait des abeilles mortes sur les tablettes à l’extérieur des ruchers et aussi quelques-unes au sol. A l’intérieur des ruches, des abeilles mor­tes sur 10 centimètres d’épais­seur», se souviennent-ils avec effroi. Face à une telle hécatombe, comme le veut la loi, les apiculteurs ont appelé l’inspection cantonale des ruchers et deux spécialistes se sont rendus sur place pour enquêter. «Ils ont dit qu’ils n’avaient jamais vu ça», s’étrangle Alois Wiggen en ajoutant : «Lorsque des colonies entières meurent, on pense d’abord à une maladie. Mais nos abeilles avaient du pollen sur les pattes, ce qui signifie qu’elles étaient en bonne santé. Les inspecteurs ont très vite pensé à un empoisonnement.»

Plusieurs jours seront encore nécessaires pour connaître la nature de la substance qui a provoqué la mort des abeilles. Des prélèvements ont été envoyés à des laboratoires spécialisés. Mais à l'instar de ses collaborateurs, Franck Crozet, inspecteur des ruchers vaudois, pense qu'un acte malveillant est à l'origine de ce véritable massacre. «Il semblerait que quelqu’un ait sprayé l’intérieur des ruches. Un bête insecticide acheté dans le commerce a pu être utilisé. Des actes comme celui-là arrivent parfois, mais cela reste très rare. Il arrive de temps en temps qu’il y ait des empoisonnements à la suite de traitements dans les vergers. Si c’est délibéré, c’est plutôt des histoires de vengeance, mais c’est inadmissible de s’en prendre aux abeilles, qui n’ont rien fait, plutôt que de se parler entre quatre yeux», a-t-il affirmé. 

Malgré l'incompréhension et la tristesse, la solidarité demeure

«Pendant trois jours, on n’arrivait pas à en parler sans pleurer», évoque Judith Wiggen. «Je me demande encore tous les jours, toutes les heures comment quelqu’un a pu faire ça ?», poursuit son époux qui ajoute : «Les abeilles nous aident, elles sont indispensables à la vie humaine, pourquoi s’en prendre à ces bêtes qui n’ont rien fait ? Si on nous en veut à nous, il suffit de nous le dire ! Si quelqu’un s’est fait piquer, on veut bien le dédommager en pots de miel. Enfin quoi, on peut toujours s’arranger. On ne comprend pas qui peut nous en vouloir et pourquoi…»

Depuis, dans le village et sur les réseaux sociaux, les messages de solidarité envers le couple d'apiculteurs se sont multipliés. De nombreux habitants ont appelé ces «amoureux de la nature» à reprendre leur activité qui était loin de passer inaperçu. Le quotidien suisse rapporte que des militaires et des recrues de l’Académie de police s'arrêtaient souvent pour regarder les abeilles virevolter.  

Selon La Tribune de Genève, le pays compterait 16 000 apiculteurs pour 160 000 colonies, chacune d'entre elles pouvant compter jusqu'à 40 000 butineuses.