Les problèmes d’accès au site sputniknews.com à partir du territoire turc ont été rapportés pour la première fois le 14 avril à 19h50 locales. «Suite aux vérifications techniques et évaluations juridiques, conformément à la loi 5651, selon la décision du 14.04.2016 №490.05.01.2016.-56092 de la Gestion des télécommunications des mesures administratives sont appliquées sur ce site», indiquait la page de Sputniknews consultée depuis la Turquie.
Le département turc des télécommunications et des communications a confirmé que le site de Sputnik avait été bloqué dans le pays le 15 avril. Selon un représentant du département turc des télécommunications, aucune mise en garde préalable n’est nécessaire pour la fermeture d’un site internet a fait savoir le responsable de la rédaction turcophone de Sputnik, Tural Kerimov.
En janvier 2015, le Premier ministre turc et d’autres membres de son gouvernement ont reçu l’autorisation de bloquer n’importe quel site sans décision judiciaire. Le département turc des télécommunications (TIB) a l’obligation de bloquer ou de supprimer le contenu d’un site quatre heures après avoir reçu un avis de «sécurité nationale, de protection de l’ordre social ou de prévention de crimes».
La décision finale sur l’interdiction du site de Sputnik, bloqué en vertu de la loi 5651, sera prise par un tribunal turc, a confié un représentant du TIB à l’agence russe.
La loi 5651 a été critiquée à plusieurs reprises en Turquie parce qu’elle limite les possibilités dont disposent les citoyens pour s’informer. En mars 2014, la même loi avait été utilisée pour bloquer provisoirement l’accès aux sites Twitter et YouTube dans tout le pays.
La décision des autorités turques de bloquer le site de Sputnik est «un nouvel acte de censure rude dans un pays où la liberté de la presse n’est plus à l’ordre du jour. Elle n’existe tout simplement plus», a déclaré la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonyan, ajoutant que la décision de bloquer ce site semblait «absurde» après que le Syndicat des journalistes turcs lui ait décerné un prix.
De plus, cette mesure intervient après la résolution de l’UE du 14 avril qui a dénoncé «un recul sérieux des libertés fondamentales» en Turquie, la hausse des affrontements dans sud-est du pays et «la prise de contrôle violente et illégale de plusieurs médias, notamment celle de Zaman» par les autorités turques.
Le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan a interdit un certain nombre de médias turcs qui critiquaient la politique menée par le gouvernement mais depuis le 14 avril, c’est la première fois qu’une agence de presse internationale est réduite au silence.
«La puissance gouvernementale d’Ankara peut être utilisée pour réprimer toute opinion, notamment l’opinion domestique de Sputnik, que le gouvernement ne veut pas entendre», a confié à RT le professeur d’histoire sociale et politique de l’Université du Michigan, Ronald G. Suny, qui n’hésite pas non plus à parler de la «campagne violente» qui est actuellement menée en Turquie contre les journalistes.