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Le scandale sexuel qui pourrait détruire la coalition contre Vladimir Poutine

Les vidéos d’un rendez-vous intime de l’opposant Mikhaïl Kassianov et de sa maîtresse a fait sensation sur le net. Au lit, il n’hésite pas à critiquer ses collègues de l’opposition, ce qui a déjà poussé certains d’entre eux à se retirer.

Mikhaïl Kassianov, un ancien ministre des Finances de Boris Eltsine, Premier ministre au début de la présidence de Vladimir Poutine. Il est âgé de 58 ans et co-préside le mouvement PARNAS, une coalition constituée de différents partis de l’opposition russe. C’est en 2004, après une dispute avec le président russe, qu’il a quitté son poste au sein du gouvernement pour entrer dans l’opposition.

Mais aujourd’hui, cet homme d’Etat se retrouve mêlé à un scandale sexuel. La chaîne de télévision russe NTV a en effet diffusé des images tournées par une caméra dissimulée dans un appartement loué par la maîtresse de Mikhaïl Kassianov, Natalie Pelevina, qui est aussi son assistante.

La diffusion de cette vidéo a suscité un tollé sur la toile. Certes, le fait qu’il ait trompé son épouse avec Natalie Pelevina n’entraînera pas à la perte de popularité de Mikhaïl Kassianov car la Russie est bien moins puritaine que les Etats-Unis. Reste que les propos qu’on l’entend tenir dans l’intimité risquent bien de créer des tensions entre les opposants à Vladimir Poutine.

«Une bande de crétins»

Sur les images de cette vidéo, Mikhaïl Kassianov a rudement critiqué le célèbre blogueur, Alexeï Navalny qui reste le fer de lance de l’opposition à Vladimir Poutine aux yeux de l’Occident et sur internet. A en croire l’ex-Premier ministre, cet avocat ne serait qu’un «baguenaudier» qui ne fait rien que du buzz sur internet. On apprend en outre sur les images que Mikhaïl Kassianov cherche à faire profiter Natalie Pelevina de la coalition de l’opposition PARNAS, au sein de laquelle les deux tourtereaux travaillent.

Le co-président de PARNAS devrait être en train de fédérer toutes les forces de l’opposition à quelques mois des élections législatives qui se dérouleront le 18 septembre prochain, mais les images montrent que le inimités sont vivaces au sein de la coalition. Natalie Pelevina, gratifie notamment du titre peu enviable d’«homme le plus désagréable qu’on pourrait voir» Ilya Iachine, qui n’est autre que l’autre co-président de PARNAS.

Parmi les autres révélations, on a appris que la fortune de Mikhaïl Kassianov était basée sur des principes très simples. «J’achète pour 5 kopeks et je revends pour 5 roubles», déclare-t-il, précisant qu’il vendait des biens gouvernementaux du temps où il était Premier ministre.

«Les oligarques [Mikhaïl Khodorkovski et Mikhaïl Fridman] font la même chose mais à une autre échelle. Je possède cinq appartements et plusieurs maisons. Mais eux, ils ont des hectares de terre», a-t-il poursuivi.

De plus, il évoque son intention de faire déménager sa famille au Royaume-Uni. «Je pense que c’est une décision juste. Parce que si la Russie s'enfonce dans le bordel et les meurtres, il faut faire partir et déménager les enfants et la famille», a-t-il conclu.

Une réputation en miettes

Suite à ces révélations, qui ont d’abord fuité sur internet, Mikhaïl Kassianov et Natalie Pelevina ont essayé d’accuser les médias d’avoir «violé gravement leur droit à la vie privée», ainsi que les services spéciaux d’avoir préparé une «provocation».

Natalie Pelevina s’est même excusée devant ses collègues de l’opposition pour avoir été grossière et impolie. Mais ces excuses n’ont pas été suffisantes pour enrayer le caractère décadent la coalition de l’opposition. Iliya Iachine, son coprésident, a déclaré que «sa réputation était en ruines» et que, pour cette raison, il se retirait de la course aux primaires. Il a aussi expliqué qu’il avait pris cette décision après que l’autre co-président Mikhaïl Kassianov n’ait pas souhaité renoncer à son poste de lui-même. «Je voudrais préciser, la vie privée de Kassianov ne me concerne pas et je ne veux pas discuter des aspirations morales de quelqu’un», a-t-il mis en évidence.

Quel futur ?

Même avant le scandale, la coalition de l’opposition présentée par les politiciens n’avait jamais réussi à se glorifier d’une popularité importante. Lors des élections législatives précédentes, en 2011, leurs représentants n’étaient pas parvenus à remporter un seul siège à la Douma. Ce scandale sexuel qui a fait beaucoup du buzz sur la toile ne peut que peser sur la popularité déjà faible de la coalition à la veille des élections législatives qui se dérouleront le 18 septembre prochain et où il est nécessaire de recueillir au minimum 7% de voix pour obtenir un siège.

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