Le milliardaire américain d’origine hongroise a déterminé que l’Europe serait en mesure d’accueillir entre 300 000 et 500 000 immigrés par an. «Ce chiffre est assez grand pour donner aux réfugiés l’assurance qu’un bon nombre d’entre eux peuvent finalement trouver refuge en Europe, mais suffisamment petit pour qu’ils puissent être accueillis par des gouvernements européens dans le climat politique défavorable actuel», écrit George Soros sur le site The New York Review of books. Le financier ne va pas jusqu’à préciser pendant combien de temps les portes du Vieux Continent doivent rester ouvertes aux réfugiés ni quels réfugiés accueillir.
A l’heure actuelle, le nombre des réfugiés qui essaient d’entrer en Europe dépasse de plusieurs fois celui qu’indique George Soros et son article n’explique pas non plus comment endiguer le flux de ces millions de migrants.
Le milliardaire américain, qui occupe le 23e place dans le classement établi par Forbes des gens les plus riches du monde, a aussi calculé les montants nécessaires à l’accueil d’un demi-million de réfugiés par an en Europe. «Au moins 30 milliards d’euros», précise-t-il. Allouer une telle somme au financement de l’accueil des réfugiés semble difficile pour l’Union européenne, compte tenu des difficultés rencontrées lors des négociations avec la Turquie sur cette question. Ainsi, il a fallu de longs mois pour parvenir à un accord octroyant 3 milliards d’euros à Ankara en échange d’un accueil des migrants traversant illégalement la mer Egée. Alors, une question se pose : combien de temps sera-t-il nécessaire pour négocier ce montant de 30 milliards avancé par George Soros ?
Où trouver cet argent ? Pour le milliardaire américain, ce n’est pas un grand problème. «Il ne fait aucun doute que l’Europe a la capacité financière et économique de recueillir 30 milliards [d’euros] par an. Ce montant est inférieur à un quart de point du PIB combiné annuel de l’UE qui s’élève à 14,9 trillions d’euros et moins de 0,5% du total des dépenses des 28 pays-membres», estime celui qui dispose d’une formation de philosophe. Il propose donc deux variantes. La première, c’est de prendre ces 30 milliards dans la poche des contribuables européens. «Les états-membres pourraient accroître leurs recettes fiscales pour financer ce qui est nécessaire», écrit l’Américain pour qui cette hausse d’impôts ne poserait pas de problèmes. A cet effet, il suggère un prélèvement sur la TVA dans toute l’UE, un impôt spécial sur le carburant ou un nouvel impôt sur le voyage en Europe et les demandes de visa qui «déplaceront le fardeau sur les non-citoyens de l’UE qui veulent voyager dans l’UE».
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La seconde, selon George Soros, serait d’emprunter cet argent. Il mentionne deux sources susceptibles de fournir ces liquidités : le mécanisme européen de stabilité financière (MESF) et le mécanisme de soutien des balances des paiements. Ces deux organismes disposent de capacités de prêts qui sont largement sous-exploitées aux yeux de l’homme qui a fait «sauter» la Banque d’Angleterre dans les années 1990. Au total, ces deux institutions disposent de 60 milliards d’euros qui peuvent être alloués à l’accueil des réfugiés, estime George Soros.
Dans cet article, le requin de la finance semble avoir changé d’avis car ses propositions tranchent fortement avec les propos qu’il avait tenus jusqu’à présent, accusant la Russie et Vladimir Poutine d’être les causes de la crise migratoire. Ainsi, il avait écrit dans l’édition du 11 février du journal britannique The Guardian que l’objectif de Vladimir Poutine était la désintégration de l’UE et que le meilleur moyen de le faire était d’inonder l’Europe de réfugiés syriens. Dans son nouvel article, il ne mentionne pas la Syrie et assure qu’il faut accueillir les migrants sinon «l’Union européenne est en danger de mort», assène-t-il en guise de conclusion.