International

L’Espagne licencie son ambassadeur en Belgique car il allait plus souvent à la messe qu’au bureau

Madrid a congédié son représentant à Bruxelles après avoir appris qu’il ne faisait rien de son mandat, manquant à tous ses devoirs diplomatiques. Réputé pour ne jamais manquer une messe, il découragerait ses équipes de faire quoi que ce soit.

Le ministère a indiqué que l’ambassadeur Ignacio Jesus Matellanes Martinez avait «brûlé les ponts» avec la Belgique, ajoutant qu’il avait été démis pour «absentéisme et abus de pouvoir».

Le gouvernement espagnol avait reçu de nombreuses plaintes du personnel de l’ambassade indiquant qu’il n’arrivait pas à représenter dignement son pays. Cependant, le ministère des Affaires étrangères a indiqué que de telles accusations avaient déjà été portées lorsqu’il était en poste au Nicaragua.

Ce qui parait choquant c’est que Matellanes a été nommé ambassadeur en Belgique en mars 2012 et que rien n’a été fait par rapport aux plaintes précédentes.

Le dépositaire de l’autorité espagnole en Belgique n’aurait pas été licencié plus tôt à cause de son lien personnel avec Francisco Millan, beau-frère du Premier ministre espagnol.

Lire aussi : l'Espagne dénonce l'impunité des agressions contre ses camions en France

Le ministère des Affaires étrangères a finalement conduit sa propre enquête, découvrant de graves anomalies dans le travail diplomatique de Matellanes.

La gestion quotidienne de l’ambassade d’Espagne en Belgique a été «paralysée par l’absentéisme et l’attitude négative du chef de la mission, le refus de toute prise de responsabilité face au personnel diplomatique et l’absence totale de coordination interne», selon le rapport d’enquête du ministère des Affaires étrangères.

«Le pire c’est qu’il n’a pas du tout représenté le pays pendant tout ce temps», a confié à The Guardian une source dans l’ambassade. «Personne n’y vient. Matellanes ne rencontre personne, il ne fait rien, il empêche le personnel de prendre la moindre initiative.»

Il est surprenant que la seule chose que l’ambassadeur ait fait en Belgique, c’est d’assister à la messe. «Il venait à peine pour travailler et quand il le faisait, il se rendait à la messe de 11 heures à midi pendant la journée de travail. Il voulait être ambassadeur au Vatican», prétend une autre source.

Lors de son mandat d'ambassadeur, Matellanes a créé une atmosphère particulièrement pesante dans les bureaux, menant quatre des vingt employés de l'ambassade vers la dépression, dont un chauffeur, une secrétaire et deux diplomates.

Selon le rapport official, l’ambassadeur a usé de «son autorité par la peur, les menaces et les confrontations». Il y a d’ailleurs eu un «nombre inhabituellement élevé d’arrêts de travail pour dépression au sein du personnel».

L’enquêteur a conclu que le personnel avait été harcelé et forcé à affronter «une violence psychologique intense, répétée, méthodique et prolongée». «L’atmosphère est étouffante», a précisé un des employés de l’ambassade. «Matellanes traite mal les gens, il fait des remarques blessantes, change les dates officielles des vacances, manque de respect et force ses employés à effectuer des tâches qui n’ont pas de sens. Et il traite les femmes comme étant inférieures aux hommes. Elles sont à ses yeux plus faibles et moins efficaces.»

Le licenciement de Matellanes a finalement été proposé par le ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia-Margallo et approuvé par le Conseil des ministres, avant d’être signé par le roi d’Espagne Felipe VI.