Les images sont terribles. Elles montrent un homme cagoulé se tenant derrière un autre homme, Kenji Goto selon toute vraisemblance, pointant un couteau sur sa gorge. Puis, on voit un corps avec une tête placée sur lui.
Pour le ministre japonais de la Défense Gen Nakatani, ces images semblent être authentiques. Il a fait cette déclaration au terme d’une réunion des ministres lors de laquelle les représentants de la police de Tokyo ont estimé que la vidéo « présente un haut degré de crédibilité ».
Yasuhide Nakayama, le chef de l’équipe d'intervention d'urgence à Amman, la capitale jordanienne, a concédé hier aux journalistes qu’aucun progrès n'avait été accompli dans les négociations menées pour obtenir la libération de Kenji Goto et de Maaz al-Kassasbeh, premier-lieutenant des forces aériennes de Jordanie, également retenu en otage par l’EI.
Dans la vidéo, l’homme qui s’appelle Jihadist John et parle anglais avec un accent britannique s’adresse au gouvernement japonais et fait porter à Tokyo la responsabilité de son acte. Il a expliqué que le Japon avait commencé une guerre qu’il ne pouvait pas gagner, tout en menaçant les autorités nipponnes d'actions violentes.
Le premier-ministre japonais Shinzo Abe a condamné un « acte terroriste inhumain et méprisable » et a promis de ne « jamais pardonner ces terroristes ». « Le Japon œuvrera avec la communauté internationale pour traduire les responsables de ces crimes devant la justice », a ajouté Shinzo Abe dans une brève déclaration aux journalistes.
Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a lui aussi condamné cet acte atroce et souligné qu’il « ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une vive indignation à l’idée qu’une action terroriste inhumaine et méprisable avait été commise à nouveau ».
Pour leur part, les Etats-Unis « se tenant aux côtés d’une large coalition d’alliés et de partenaires » poursuivront « des actions décisives pour affaiblir et enfin détruire [l’EI] », a promis Barack Obama. « Les Etats-Unis condamnent le meurtre odieux d’un citoyen japonais », a dit le président américain dans un communiqué diffusé par la Maison Blanche.
Tokyo s’était mis d’accord avec les terroriste pour échanger Kenji Goto contre Sajida al-Rishawi, une irakienne qui avait tué 60 personnes lors d’un attentat à la bombe en Jordanie en 2005. Le porte-parole du gouvernement jordanien a aussi déclaré qu’il était prêt à relâcher la terroriste irakienne contre la libération d’un de ses pilotes, Maaz al-Kassasbeh, détenu par l’EI depuis fin décembre dernier après que son avion se soit écrasé lors d’un raid aérien de la coalition dirigée par les Américains.
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Les militants de l’EI ont capturé Kenji Goto en octobre 2014 alors qu’il était revenu en Syrie pour faire libérer un autre citoyen japonais, Haruna Yukawa qui avait été pris en otage par l’EI au mois d’août.
Le 20 janvier 2015, les extrémistes radicaux ont mis en ligne une vidéo sur plusieurs sites web avec deux hommes asiatiques agenouillés en uniformes oranges et un homme masqué vêtu de noir qui les menaçait d’un couteau. Dans cette vidéo, les terroristes ont exigé une rançon de 200 millions de dollars à payer dans les 72 heures pour préserver la vie des otages. Le Japon avait promis de verser cette même somme à la coalition contre l’EI dirigée par les Etats-Unis.
Le premier-ministre japonais Shinzo Abe a dit qu’il allait soutenir l’engagement de son pays sans payer de rançon et affirmé : « cette politique est inébranlable et nous n’en changerons pas ».
Au terme des 72 heures, le 24 janvier, l’Etat Islamique a diffusé une vidéo où Kenji Goto montrait une photo de son compatriote Haruna Yukawa décapité. Dans ce même message au gouvernement japonais, Kenji Goto a indiqué que le groupe djihadiste exigeait la libération de la terroriste irakienne Sajida al-Rishawi.