Karsten Nordal Hauken, politicien de gauche, a raconté son histoire sur la chaîne de télévision suédoise NRK, dans le cadre de l’émission documentaire Moi contre moi-même. Sans donner d’indications précises sur le contexte de cet incident, il a fait part de ce qu’il ressentait au plus profond de lui-même.
Dans la lettre qu’il a écrite et qui est consultable sur le site de la chaîne, il a tout d’abord voulu briser le silence des hommes qui ont été agressés sexuellement et attirer l'attention sur les migrants, qui, eux aussi, ont besoin d'aide. «Je suis un homme hétérosexuel et j’ai été violé par un homme probablement hétérosexuel», a-t-il souligné en ajoutant que son agresseur venait d’une autre culture où «cela n’est pas considéré comme un acte homosexuel mais comme une démonstration de pouvoir».
Violé brutalement dans son appartement par un inconnu il y a quelques années, il a dû passer des expertises médicales, rencontrer un psychologue et parler à la police. Les enquêteurs ont collecté des empreintes digitales et des échantillons d’ADN. Six mois après la police a arrêté un homme d’origine somalienne qui portait un couteau dans un lieu public : son agresseur.
Le Somalien a été condamné à 4,5 ans de prison et peu de temps avant la fin de sa peine, le politicien a appris que son agresseur serait expulsé du pays. Karsten Nordal Hauken se rappelle avoir ressenti «du soulagement et de la joie» à l’idée que cette personne parte à tout jamais.
Mais le politicien s’est également senti «coupable et responsable». «J’étais la raison pour laquelle cet homme n’avait pas pu rester en Norvège et devra vivre dans l’incertitude en Somalie. Il a déjà purgé sa peine. Devrait-il être puni encore une fois ? Cette fois, beaucoup plus durement ?», pensait-il à l’époque. Il a même reconnu qu’il n’éprouvait plus de colère à l’encontre de son agresseur engendré par l’injustice du monde.
Des abus de substances, dont l’alcool et la marijuana, l’ont rendu presque «insensible» pendant près de cinq ans. Karsten Nordal Hauken souligne qu’il se sentait «oublié et ignoré», mais qu’il avait dû intérioriser ses émotions. «J’ai peur que les femmes ne veuillent pas de moi et que les hommes se moquent de moi. J’ai peur d’avoir l’air antiféministe si je dis que les jeunes hommes, qui ont des problèmes, ont besoin d’une plus grande attention», explique-t-il.