Malgré la controverse suscitée, ces nouvelles règles régiront la prochaine élection présidentielle. Le passage de l'égalité stricte du temps de parole entre les candidats au principe d'équité durant la vingtaine de jours qui précède l'ouverture officielle de la campagne, est une des mesures décriées. Ainsi, 15 jours avant le premier tour de l'élection, cette égalité stricte reste la même tandis que les trois semaines qui précèdent, le temps de parole des différentes candidats dépendra de leur résultat lors des dernières élections, de ceux obtenus dans les sondages mais aussi de leur «contribution à l’animation du débat électoral», rapporte l'AFP.
Concernant le mode de parrainage, autre mesure vilipendée par les petits candidats, la liste intégrale des élus ayant parrainé un candidat sera publiée (au lieu d'un échantillon tiré au sort parmi les 500 signature requises). Les parrainages seront rendus publics deux fois par semaine par le Conseil constitutionnel pour éviter tout faux suspense entretenu par les candidats lors de leur quête des 500 paraphes. Les élus devront en outre transmettre leur parrainage au Conseil Constitutionnel, alors qu'auparavant ils pouvaient le remettre directement au candidat.
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Un sentiment d'injustice partagé par une partie non négligeable de la classe politique.
L'UDI, les radicaux de gauche, le Front de gauche et la majorité des écologistes ont voté contre ce texte qu'ils ont dénoncé comme une «tentative de verrouillage» des grands partis. Et pour cause, l'auteur du texte, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, a concédé que le nombre important de candidats rendait difficile l’application d’une stricte égalité de temps de parole publique et dissuadait certaines chaînes d’organiser des débats.
Alors que Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a qualifié cette loi de «scélérate», Jean-Luc Mélenchon, co-fondateur du Parti de gauche, propose de substituer cette loi à un parrainage citoyen. Marie-Georges Buffet, a affirmé de son côté dans une interview au Journal du dimanche, que cette loi avantageait le Front national (FN). «On va enfermer les électeurs et les électrices dans un choix restreint. Ils ont, face à eux, un parti qui a été au pouvoir pendant dix ans et qu'ils ont rejeté en 2012, un candidat d'un parti actuellement au pouvoir et qu'ils rejettent dans tous les sondages et le candidat du Front national. Dans ce tripartisme, le FN est favorisé. Au contraire, il faudrait développer d'autres alternatives, notamment à gauche». S'ils sont nombreux à affirmer que le parti frontiste est fortement avantagé par cette nouvelle loi, sa dirigeante a fait part de son opposition à son application. «Ceux que certains nomment abusivement « petits candidats » seront les perdants. Mais la plus grande perdante sera la démocratie, la république et donc la France telle que nous la concevons et telle que nous la voulons» a dit Marine le Pen dans un communiqué publié avant le vote des députés.
Une position similaire exposée par Bruno Gollnisch. «Le Front national figure parmi les trois plus importantes formations politiques […] elle même arrivée en tête en terme de suffrages aux dernières élections et donc nous devrions être théoriquement bénéficiaires de ce système mais il ne me convient pas du tout» a-t-il indiqué dans une interview accordée à RT France. «J'ai toujours suivi avec intérêt la campagne de ceux que l'on appelle les petits candidats qui sont peut-être petits de par leur audience mais qui ne sont pas toujours petits de par l’intérêt que représente leur démarche. Par conséquent, je suis partisan d'un système d'égalité parce que si la démocratie comme dans certains pays est confisquée par deux formations politiques pré-tablies [...], il n y aura jamais de possibilité pour les challengers de se faire entendre». a-t-il en outre ajouté.
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