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Défense arménienne : la trêve est officiellement conclue dans le Haut-Karabagh

Les combats font rage dans la région du Haut-Karabagh, contrôlée par l’Arménie mais revendiquée par l’Azerbaïdjan. Le bilan des victimes parmi les forces armées de chaque partie s’alourdit. Le Groupe médiateur de Minsk se réunira le 7 avril à Vienne.

Mercredi 6 avril

Les co-présidents du groupe de Minsk, le français Pierre Andrieu, l’américain James Warlik et le russe Igor Popov, ont rencontré le président azerbaidjanais à Bakou et appelé à intensifier les négociations entre Bakou et Erevan.

Lors de la rencontre des chefs de commandement arménien et azerbaïdjanais à Moscou, les deux camps se sont mis d'accord sur un cessez-le-feu.

Le ministère de la Défense azerbaïdjanais accuse l’Arménie d’avoir violé la trêve dans le Haut-Karabagh 115 fois lors des dernières 24 heures. Pourtant, le représentant du Haut-Karabagh, Senor Asratyan, a dénoncé ces propos, précisant que, sur la ligne de front, le cessez-le-feu était respecté depuis 00h00, le 5 avril.

Mardi 5 avril

Le groupe de Minsk de l’OSCE tient une réunion sur le Haut-Karabagh à Vienne concernant la situation dans la région et les possibles solutions pour remédier à la crise, a confié à l’agence de presse russe RIA Novosti une source de l’Organisation.

La Russie, la France et les Etats-Unis doivent envoyer leurs représentants dans le Haut-Karabagh pour tenter de pacifier la situation, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault après avoir rencontré son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier. Il a ajouté que le conflit militaire ne pouvait pas être une solution.

Le ministère de la Défense du Haut-Karabagh a reçu l’ordre de conclure un cessez-le-feu, rapporte son service de presse. Cependant, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a fait savoir qu’il ne disposait d’aucune information à ce sujet. Mais peu après, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a confirmé la volonté de son pays d’instaurer une trêve. Pour sa part, l’Arménie a confirmé qu’elle préparait un document relatif à l’arrêt des combats.

Il est à noter que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, vient de déclarer que le conflit dans le Haut-Karabagh ne pouvait pas être résolu par la force et appelé un énième fois à un cessez-le-feu.

Bakou a annoncé la mort de deux civils dans les combats des deux derniers jours dans le Haut-Karabagh.  «Les régions habitées ont été bombardées», a déclaré  le procureur général de l’Azerbaïdjan.

Les co-présidents du groupe de Minsk, l’ambassadeur Pierre Andrieu et ses homologues américain et russe, James Warlik et Igor Popov, se réuniront le 5 avril à Vienne pour discuter de la situation dans le Haut-Karabagh et appeler au respect du cessez-le-feu. Ils participeront également au conseil permanent de l’OSCE.

Bakou a édicté une liste de conditions qu’Erevan doit remplir pour que les deux pays puissent conclure une trêve.

«Conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, l’Arménie doit quitter les territoires occupés et garantir l'intégrité territoriale absolue et la souveraineté de la République d'Azerbaïdjan reconnue à l’échelle internationale», a déclaré le porte-parole du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Khikmet Gadjiev.

En outre, le chef de la diplomatie azerbaïdjanaise, Elmar Mammadyarov, a envoyé des lettres à plusieurs organisations internationales, dont le Groupe de Minsk de l’OSCE, l'ONU, l'OTAN, ainsi qu’à Federica Mogherini, dénonçant des violations du cessez-le-feu du 2 avril, au cours desquelles plusieurs civils ont été tués dans les zones proches du front.

«Afin d'assurer la sécurité des civils dans le cadre de frontières internationalement reconnues, les forces armées azerbaïdjanaises ont pris les mesures nécessaires pour [faire] cesser les provocations arméniennes», a délcaré Elmar Mammadyarov.

De son côté, le président arménien Serge Sargsian assure que son pays continuera à assurer la sécurité de la population du Haut-Karabagh et reconnaîtra l’indépendance de la région si des actions militaires devaient se poursuivre.

«Etant parti à l’accord sur la trêve de 1994, la République d’Arménie continuera à s'acquitter pleinement de ses obligations d’assurer la sécurité à la population du Haut-Karabagh. Par ailleurs, j’ai demandé au ministre des Affaires étrangères de travailler sur un accord de coopération militaire [avec le Haut-Karabagh]», a-t-il conclu.

Lundi 4 avril

Le ministre de la Défense de l’Azerbaïdjan, Zakir Hasanov, a donné l’ordre aux forces armées de se préparer à un bombardement sur la capitale du Haut-Karabagh, Stepanakert. Selon le communiqué du ministère azerbaïdjanais de la Défense, les frappes auront lieu si l'Arménie ne suspend pas les hostilités sur la ligne de front.

Selon les médias arméniens, l’armée du Haut-Karabagh aurait recensé 20 morts et 72 blessés parmi ses effectifs suite à la reprise des combats depuis trois jours dans la région.

«Le Haut-Karabagh retournera un jour, sans aucun doute, à son propriétaire originel, il appartiendra à l'Azerbaïdjan», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours télévisé. Ankara a multiplié les messages de soutien à Bakou depuis le 1er avril, jour de la reprise des hostilités qui ont fait plus de 30 morts dans les deux camps.

Le 4 avril, l'Iran a demandé à ses deux voisins, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, de faire preuve de retenue et s'est déclaré prêt à apporter son aide, a fait savoir le ministre iranien de la Défense Hossein Dehghan, selon l'agence Irna.

«La République islamique d'Iran fera tout pour apaiser la crise» entre les deux pays, a déclaré le ministre iranien de la Défense lors d'un entretien téléphonique avec son homologue azéri Zakir Hasanov.

Il a demandé aux deux pays ayant une frontière avec le nord-ouest de l'Iran de faire «preuve de retenue et [...] de régler la crise par des voies pacifiques».

Les forces arméniennes tirent des obus d’artillerie dans le Haut-Karabakh 

La France, qui assume avec les Etats-Unis et la Russie la co-présidence du Groupe de Minsk, lequel est chargé dans le cadre de l’OSCE d’une médiation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabagh, a fait savoir que le Groupe se réunira jeudi 7 avril, à Vienne, pour discuter de la reprise violente du conflit dans la région séparatiste du Haut-Karabagh.

Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères a noté que Jean-Marc Ayrault s’était entretenu avec son homologue arménien et avait appelé à un cessez-le-feu immédiat.

La tension est à nouveau extrême sur la ligne de front dans le Haut-Karabagh, où se déroulent actuellement d'importantes manœuvres militaires, a rapporté, le 4 avril, le ministère azerbaïdjanais de la Défense.

«La situation sur la ligne de front reste tendue. D’intenses manœuvres militaires ont lieu. Au cours de la journée, le ministère de la Défense fera une déclaration officielle», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan, Vagif Dyargahly.

Dimanche 3 avril

Trois obus tirés lors des violences dans la zone du Haut-Karabagh sont tombés sur le territoire de l’Iran, dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, a annoncé l’agence Tasnim en citant le gouverneur-adjoint de la province. Aucune victime n’est à déplorer, a précisé le responsable, en ajoutant que les autorités arméniennes et azerbaïdjanaises l’ont assuré qu’un tel incident ne se répèterait pas.

«Le Haut-Karabagh est prêt à discuter de la proposition d’un cessez-le-feu dans la zone du conflit», a annoncé dimanche le ministère de la république autoproclamée.

Erevan a accusé dimanche Ankara de soutenir la poursuite d’actions agressives du côté azerbaïdjanais dans le Haut-Karabagh.

«Il est regrettable que l’importance du bilan humain est définie par l’appartenance nationale. Par ces annonces racistes, la Turquie encourage la poursuite des actions agressives contre la république autoproclamée du Haut-Karabagh», a expliqué l’adjoint au ministre des Affaires étrangères arménien Shavarsh Kocharyan.

Le parquet général d'Azerbaïdjan a annoncé que les actions de l'armée arménienne sur la ligne de contact avaient fait deux morts parmi les civils et dix blessés.

«Des maisons, des écoles sont détruites, l’infrastructure n’est plus fonctionnelle. En prenant en considération ces faits, le côté azerbaïdjanais a ouvert une enquête pénale en se basant sur le Code criminel», lit-on dans un communiqué du parquet.

Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a déclaré que plus de cent soldats de l'armée arménienne ont été tués dans un combat sur la ligne de front dans le Haut-Karabagh, et que cent autres ont été blessés.

Des bombardements seraient en cours près de la ville de Martakert, dans la zone de conflit du Haut-Karabagh, rapporte le correspondant sur place de l’agence d’information Sputnik.

L’annonce de Bakou sur la cessation unilatérale des opérations militaires ne correspond pas à la vérité, a annoncé dimanche le secrétaire de presse arménien de la Défense Artsrun Hovhannisyan, en la qualifiant de «piège médiatique».

Des combats sont toujours en cours sur la ligne de front dans le Haut-Karabagh, a indiqué le ministère de la Défense arménien, cité par l’agence d’information TASS.

Les forces arméniennes ont «lancé une contre-attaque», a fait savoir la source, ajoutant que leurs soldats ont repris une «hauteur de valeur tactique» près du village de Talish dans la région de Martakert, qui avait été «occupée plus tôt par les troupes azerbaïdjanaises».

Bakou a communiqué que dix chars des forces armées arméniennes ont été détruits dans le Haut-Karabagh. Selon le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan, la partie arménienne continue de violer le cessez-le-feu sur la ligne de contact dans la région du Haut-Karabagh.

«La partie arménienne, en essayant de reprendre les territoires pris la veille par l’armée azerbaïdjanaise, a perdu dix chars et des hommes», a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense azerbaïdjanais.

L'Azerbaïdjan a pris la décision unilatérale de cesser toutes les opérations militaires à la ligne de contact dans le Haut-Karabagh, selon le ministère de la Défense azerbaïdjanais. En revanche, il a été précisé que les actions militaires reprendront en cas d'une attaque de l'autre partie.

Le ministère azerbaïdjanais de la Défense s’est exprimé sur les bombardements qui ont eu lieu pendant la nuit dans les villages frontaliers avec le Haut-Karabagh, soulignant que des victimes parmi la population civile et les forces armées ont pu être évitées. 

«La situation reste tendue, mais il n’y a pas eu de pertes du côté azerbaïdjanais pendant la nuit le long de la ligne de front où des villages azerbaïdjanais ont été la cible de bombardements», a déclaré le porte-parole du ministère azerbaïdjanais de la Défense, Vagif Dyargahly.

Les Etats-Unis ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans le Haut-Karabagh, territoire disputé où au moins 30 soldats ont été tués samedi dans des combats entre forces azerbaïdjanaises et arméniennes.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, condamnant fortement les affrontements, a pressé les deux parties de «respecter strictement le cessez-le-feu». «Il n'y a pas de solution militaire à ce conflit», a-t-il déclaré.

Le président de la République François Hollande, qui a déploré «profondément les graves incidents» dans le Haut-Karabagh, a appelé samedi soir les parties à «la plus grande retenue» et «au respect immédiat, total, durable du cessez-le-feu».

Après avoir rappelé qu'il avait accueilli les présidents arméniens et azerbaïdjanais à Paris en octobre 2014, François Hollande a réaffirmé «son engagement en faveur d'un règlement pacifique dans les délais les plus brefs».

A noter, que la France assume, depuis 1997, avec les États-Unis et la Russie la co-présidence du Groupe de Minsk, chargée dans le cadre de l’OSCE d’une médiation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan afin de trouver une solution négociée au conflit du Haut-Karabagh.

Samedi 2 avril

Une autre vidéo montrant la zone de conflit dans le Haut-Karabagh a été diffusée. Plusieurs dizaines de victimes sont à déplorer dans les deux camps. Selon les dernières informations officielles, dix-huit soldats arméniens et douze soldats azerbaïdjanais ont été tués. 

Le ministère de la Défense du Haut-Karabagh a publié une vidéo montrant la carcasse d'un hélicoptère MI-24 azerbaïdjanais, prétendument abattu par les forces arméniennes au cours du conflit qui a violemment repris cette nuit dans la région séparatiste.

Un hôpital azerbaïdjanais accueille les personnes blessées après la reprise des hostilités dans le Haut-Karabagh.

Selon le ministère de la Défense du Haut-Karabagh, un enfant de 12 ans a été tué dans le conflit et deux autres enfants ont été blessés, alors que le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères ne compte qu’une victime parmi les civils. 

Dix-huit soldats arméniens ont été tués samedi par les forces azerbaïdjanaises le long de la frontière de la région séparatiste du Haut-Karabakh, disputée depuis 1994 par Bakou et Erevan, a annoncé le président arménien Serge Sarkissian.

«De notre côté, 18 soldats ont été tués et environ 35 blessés», a déclaré le président arménien lors d'une allocution télévisée, sans préciser si ces soldats appartenaient à l'armée régulière de l'Arménie ou à celle du Haut-Karabakh, que Erevan soutient.

Au moins «douze soldats azerbaïdjanais ont été tués au combat et un hélicoptère a été abattu par les forces arméniennes» a déclaré dans un communiqué le ministère azerbaïdjanais de la Défense.

Erevan a également annoncé la mort d'un garçon de 12 ans, touché par des tirs d'artillerie azerbaïdjanais ayant également blessé deux civils dans un village de la frontière.

La vidéo montre le déploiement de chars et de matériel militaire à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh, alors que des échanges de tirs de mortiers à la frontière arméno-azerbaïdjanaise ont éclaté dans la nuit du 1er au 2 avril.

Le ministère azerbaïdjanais de la Défense vient de communiquer que douze soldats azerbaïdjanais ont été tués et qu'un hélicoptère MI-24 a été abattu par les forces arméniennes dans la zone de conflit du Haut-Karabagh. Néanmoins, les autorités du Haut-Karabagh évoquent près de 200 pertes au sein de l'armée azerbaïdjanaise, ainsi que huit chars et deux hélicoptères de détruits. Ces chiffres n'ont pas été confirmés par l'Azerbaïdjan.

Le président arménien, Serge Sargsian, en réaction à la situation dans le Haut-Karabagh, a convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Le conseil de défense de la république transcaucasienne se réunira le 2 avril au soir, a communiqué le service de presse de la présidence arménienne.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s’est entretenu en urgence par téléphone avec ses homologues arménien et azérbaïdjanais sur la montée des tensions dans le Haut-Karabagh, a fait savoir le ministère russe de la Défense.

Les ministères de la Défense azerbaïdjanais et arménien s’accusent mutuellement de faire escalader les tensions dans le Haut-Karabagh.

L’Azerbaïdjan accuse l’armée arménienne d’avoir ouvert le feu à 127 reprises à la frontière au cours des vingt-quatre dernières heures, alors que l’Arménie a déclaré que c’est l’armée azerbaïdjanaise qui a déclenché l’offensive pendant la nuit en utilisant des chars d’artillerie et des avions militaires. 

Des milices du Haut-Karabagh, point crucial du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, revendiquent avoir descendu un hélicoptère azerbaïdjanais, bien que l’Azerbaïdjan n’a pas confirmé cet incident. 

Le président russe Vladimir Poutine a appelé toutes les parties du conflit à cesser immédiatement les hostilités, a rapporté le porte-parole du Kremlin.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont enfermés dans des décennies de conflit dans le Haut-Karabagh, région montagneuse majoritairement arménienne qui faisait partie de l’Azerbaïdjan jusqu’en 1988 avant de déclarer son indépendance en 1991. Depuis lors, les tensions entre les deux pays n’ont jamais cessé.

L’escalade des violences dans le Haut-Karabagh survient sur fond de tensions diplomatiques entre Ankara et Moscou dans le cadre du conflit syrien. La Turquie soutient l’Azerbaïdjan, alors que l’Arménie est un allié de la Russie.

Depuis 1997, la France assume avec les États-Unis et la Russie la co-présidence du Groupe de Minsk, chargée dans le cadre de l’OSCE d’une médiation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan afin de trouver une solution négociée au conflit du Haut-Karabagh.

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