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Washington promet 335 millions de dollars supplémentaires à l'Ukraine en assistance militaire

Les États-Unis ont promis à Kiev 335 millions de dollars (294 millions d'euros) supplémentaires pour aider l'Ukraine à renforcer sa puissance militaire, à condition que le pays poursuive ses réformes politiques et endigue la corruption.

La nouvelle a été annoncée par le vice-président américain Joe Biden lors d'un déjeuner avec le président ukrainien Petro Porochenko, actuellement en visite à Washington dans le cadre d'un sommet nucléaire réunissant plus de 50 leaders mondiaux et lors duquel il a également rencontré le chef d'Etat américain Barack Obama.  

Selon un communiqué officiel publié sur le site de Petro Porochenko, Joe Biden a indiqué la volonté de Washington de fournir à Kiev une assistance financière qui devra être utilisée pour procéder à des réformes dans les forces armées ukrainiennes, la Garde nationale et le système de contrôle des frontières.

L'année dernière, le Comité des Forces Armées américain avait déjà suggéré de fournir une aide de 300 millions de dollars (260 millions d'euros) au gouvernement ukrainien et avait proposé «une assistance de sécurité appropriée et un soutien aux servides de renseignement et aux forces de sécurité militaires et autres».

Le FMI prêt à débloquer la troisième tranche de l'aide financière, sous conditions

Dans le même temps, Kiev repose largement sur une aide financière du Fonds Monétaire international (FMI). L'Ukraine a reçu 6,7 milliards de dollars (5,9 milliards d'euros) sur les de 17,5 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros) du plan de sauvetage débloqué par le FMI en 2015. Mais la troisième tranche avait été mise en suspend.

En effet, gangréné par la corruption et une profonde crise politique, Kiev a échoué à effectuer les réformes nécessaires au déblocage de la troisième tranche de prêts d'une valeur de 1,7 milliard de dollars (1,5 milliards d'euros). Pour assurer la confiance de ses prêteurs et recevoir la dernière tranche de l'aide du FMI, l'Ukraine doit mettre en œuvre des réformes et effectuer des progrès dans l'éradication de la corruption.

Suite à sa rencontre avec Joe Biden et Barack Obama, Petro Porochenko a déclaré via un communiqué que Washington s'était engagé à transmettre à Kiev l'aide économique internationale si un nouveau gouvernement était formé. Ce dernier devra être «orienté sur une coopération avec le FMI», a déclaré un représentant de Porochenko.

Le président ukrainien a ajouté que la mise en place d'«un système anti-corruption efficace» était «la priorité» de son gouvernement.

La corruption en Ukraine avait déjà été l'un des principaux sujets abordés par Joe Biden lors de son précedent voyage à Kiev en Décembre 2015. «La corruption siphonne les ressources du pays. Nous le savons et vous le savez», avait-t-il dit aux députés ukrainiens à l'époque, ajoutant que «la corruption dévore l'Ukraine comme un cancer».

Il avait également assuré Kiev du soutien de Washington et annoncé une allocation de 190 millions de dollars (166 millions d'euros) du budget des États-Unis pour aider l'Ukraine à mener des réformes structurelles et lutter contre la corruption.

Jeudi, à Washington, Petro Porochenko a également tenté d'attirer davantage d'investissements dans l'économie de son pays, lors d'une discussion avec le secrétaire américain du Commerce Penny Pritzker.

L'Ukraine, «marécage de corruption», selon le New York Times

En marge des discussions entre Kiev et Washington, le gouvernement ukrainien s'est attiré les foudres de la presse américaine. En effet, pour l'influent New York Times l'Ukraine dans sa forme actuelle est un «marécage de corruption» et le président Petro Porochenko «a été et reste un produit de la vieille époque». C'est ce qu'affime l'édito du NYT du 31 mars.

Ainsi, malgré les affirmations de Porochenko de faire de la lutte contre la corruption sa priorité, le NYT considère lui, que le président ukrainien «utilise au contraire cette dernière comme monnaie d'échange dans une tentative d'asseoir sa domination dans la sphère politique du pays».

L'édito ajoute que le président, le Premier ministre et le Parlement ukrainen doivent comprendre que le FMI et les États-Unis ne peuvent plus continuer à «verser de l'argent par tonneaux dans un marécage de corruption» si Kiev ne commence pas à façonner un caractère démocratique au sein de son gouvernent. 

Pour le quotidien new-yorkais, le leader ukrainien aggrave l'instabilité politique à Kiev, tandis que le gouvernement du Premier Ministre Arseniy Iatseniouk «ne tient qu'à un fil».