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Le tribunal de La Haye acquitte le nationaliste serbe Seselj de tous les chefs d'accusations

Vojislav Seselj est acquitté des neuf accusations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le tribunal à l'unanimité. Il pourrait demander 14 millions d'euros au tribunal en dédommagement pour ces années de «souffrance».

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a jugé non coupable Vojislav Seselj de crimes de guerre et crimes contre l'humanité durant les guerres qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie au début des années 1990. 

«Avec cet acquittement sur tous les neuf chefs d'accusation le mandat d'arrêt délivré par la chambre d'appel est rendu nul», a déclaré le juge. «Vojislav Seselj est maintenant un homme libre» a-t-il ajouté. Il a ajouté que les milices ne recevaient pas d'ordres directs de Seselj.

L'accusé, qui s'est défendu seul pendant son procès, n'était pas présent lors du verdict. Il réside à Belgrade depuis sa mise en liberté provisoire en 2014 pour «raisons de santé».

Seselj complimente les juges

Le Serbe loue les juges «honorables» du TPIY pour l'avoir acquitté. «Après tant de procès dans lequel des Serbes innocents ont été condamnés à des peines draconiennes, il y a eu maintenant deux juges honorables et justes [...] qui ont montré que le professionnalisme et l'honneur sont au-dessus de toute pression politique et ils ont pris, du point de vue juridique, la seule décision possible», a-t-il déclaré à la presse à Belgrade. Ce dernier pourrait demander 14 millions d'euros au tribunal en dédommagement pour ces années de «souffrance». «J'avais déjà déposé une demande d'indemnisation de 12 millions d'euros en 2012. Maintenant, je pourrais augmenter cette réclamation de deux millions de plus, pendant toutes ces années, je suis passé par beaucoup de souffrance en attendant le verdict.» a-t-il expliqué.

Pour le procureur, les victimes «seront déçues» de l'acquittement de Seselj. Le Premier ministre croate a, pour sa part, dénoncé l'acquittement «honteux» de Vojislav Seselj. Les autorités croates ont interdit l'entrée sur le territoire de la Croatie à Vojislav Seselj. «Le ministère de l'Intérieur a informé la police des frontières lui demandant d'interdire à Seselj l'entrée en Croatie s'il se présente à un poste-frontière», a déclaré Helena Biocic, porte-parole de la police.

L'homme, ancien leader du parti radical serbe, est connu pour sa violence verbale pendant les guerres qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie pendant les années 90. Il était accusé de neuf crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour avoir «propagé une politique visant à réunir tous "les territoires serbes" dans un Etat serbe homogène, qu'il appelait la "Grande Serbie"». 

Le procès de Vojislav Seselj, 61 ans, s'était ouvert en 2006 mais avait été annulé après quelques audiences, l'accusé ayant entamé une grève de la faim. Le procès recommence en 2007 et se termine en 2012, après 175 jours d'audiences. Seselj, qui ne reconnaît pas la compétence du TPIY, n'a pas présenté de preuves à décharge. L'accusation avait requis 28 ans de détention. Lors de sa plaidoirie il avait assuré que les Croates avaient «commencé» la guerre, tandis que les Serbes n'avaient fait que répondre. 

Pendant son procès, il a déjà été condamné à trois reprises - à deux ans, 18 mois et 15 mois de prison - après avoir divulgué des informations confidentielles concernant des témoins protégés qui avaient déposé.