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Birmanie : serment du premier président civil depuis 1962

Le nouveau président Htin Kyaw, proche d'Aung San Suu Kyi, a prêté serment devant le Parlement à Naypyidaw, marquant le début d'une nouvelle ère pour ce pays dirigé depuis près de 50 ans par un gouvernement militaire.

«Je promets d'être fidèle au peuple de la République birmane», a juré le nouveau président Htin Kyaw, proche d'Aung San Suu Kyi. L'homme de 69 ans accède au pouvoir, alors que la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi n'a pu accéder aux plus hautes responsabilités du pays du fait des particularités de la Constitution héritée du gouvernement militaire.

Cet ami d'enfance d'Aung San Suu Kyi est le premier président civil du pays depuis plus de 50 ans et arrive à la tête du pays après cinq années de transition post-junte. Cette prise de fonction intervient près de cinq mois après des législatives qui se sont révélées être un raz-de-marée pour la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti d'Aung San Suu Kyi. Elle-même sera à la tête d'un «super ministère» nouvellement créé, comprenant notamment les Affaires étrangères.

Après l'étape du parlement, Htin Kyaw, élu président par le Parlement le 15 mars, devait se rendre au palais présidentiel pour rencontrer Thein Sein, le président sortant. Cette passation de pouvoir est le dernier acte d'une très longue transition politique qui a commencé après les législatives du 8 novembre 2015, le premier scrutin libre depuis un quart de siècle, et pour lequel les Birmans se sont déplacés en masse.

La NLD a promis de donner la priorité à l'éducation et la santé, domaines dans lesquels la Birmanie est l'un des plus mauvais élèves au niveau mondial en termes de budget. «Le pays est prêt et avide de changement», estime l'analyste politique Khin Zaw Win, ancien prisonnier politique devenu directeur du centre d'analyse politique Tampadipa.

Un autre grand chantier attend l'équipe d'Aung San Suu Kyi : les conflits armés ethniques. Dans plusieurs régions frontalières, des groupes rebelles réclament plus d'autonomie et affrontent les forces gouvernementales. En outre, dans l'ouest du pays, des milliers de musulmans rohingyas vivent toujours déplacés dans des camps.

Aung San Suu Kyi et son équipe devront aussi manœuvrer pour harmoniser les relations avec l'armée birmane, qui reste très puissante politiquement avec un quart des sièges au Parlement tenu par des militaires non élus. Restent entre ses mains trois positions importantes au sein du gouvernement (Intérieur, Défense et Frontières). Le puissant chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing, était d'ailleurs présent mercredi au Parlement pour le serment du nouveau président.