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Surmenés, les pilotes d’Emirates ne peuvent se faire entendre des autorités (EXCLUSIF)

Après qu’un lanceur d’alerte de FlyDubaï a contacté RT pour dénoncer les conditions de travail de la compagnie, d’anciens ou actuels employés d’Emirates cette fois se disent, eux aussi, épuisés sans que la direction ne règle leurs problèmes.

D’anciens pilotes de FlyDubaï et d’Emirates ont déclaré qu’ils étaient découragés de remplir des formulaires attestant de leur fatigue extrême compte tenu de leurs cadence de travail et rotations de vols trop importantes car les responsables de ces deux compagnies n’en tiennent pas compte.

L’un des interlocuteurs de RT a précisé que ses doléances avaient même été présentées au Département de l'aviation civile des Emirats arabes unis (EAU) mais que cela n’avait rien changé à la situation.

«Les pilotes de FlyDubaï et d’Emirates étaient extrêmement fatigués mais si les pilotes téléphonaient [à la compagnie] pour dire qu’ils étaient malades ou trop fatigués, on menaçait de retarder leur promotion, ce qui constitue une gifle pour sa carrière professionnelle, ou alors on les blâmait comme des enfants et on les considérait comme des esclaves ou des employés non-professionnel», a conclu cet informateur qui a souhaité garder l’anonymat mais dont RT a vérifié l’identité, comme celle de tous les informateurs cités dans cet article.

Un autre pilote qui travaille toujours pour Emirates a révélé les techniques utilisées par la compagnie aérienne pour intimider ses employés afin d’éviter qu’il ne se plaignent de leur état de fatigue. Elle les menace de procéder à des enquêtes internes, qui impliquent d’interminables examens pour dépression et d’autres maladies qui ne sont pas liées à la fatigue.

Le Département de l'aviation civile des EAU a été créé en 1996. Il constitue l’unique autorité habilitée à contrôler et réguler le secteur dans le pays. Le nombre accru des plaintes de pilotes en raison de leur état de fatigue a soulevé de graves questions sur l’effectivité du travail et la surveillance qu’elle exerce sur le secteur. L’un des pilotes d’Emirates qui a parlé à RT a même déclaré que l’organisation émiratie de la surveillance des vols n’était pas indépendante et que pour cette raison, elle ne pouvait pas s'acquitter de ses obligations. 

«Aux EAU, l’autorité de l’aviation civile, affiliée au gouvernement, ne peut pas être garante d’un contrôle indépendant de ces compagnies aériennes», a-t-il poursuivi.

Le manque de surveillance appropriée a conduit au fait que les pilotes n’ont pas d’organe auprès duquel porter plainte en cas de violation de leurs droits.

Un autre pilote d’Emirates a déclaré qu’à la tête du Département de l'aviation civile et de l’Emirates Airline & Group, il n’y aurait qu’un seul et même homme, le sheikh Ahmed Bin Saeed Al Maktoum.

Les journalistes de RT ont demandé à Emirates de commenter des affirmations mais la compagnie a rejeté toutes ces allégations en précisant qu’elles étaient basées sur les témoignages de «personnes anonymes» et qu’il était impossible de savoir «s’ils ont travaillé ou travaillent dans la compagnie aérienne».

«Nous ne compromettons jamais la sécurité et travaillons toujours en conformité avec toutes les exigences réglementaires en ce qui concerne les heures de vol [des pilotes], le temps de travail et les heures de repos entre les vols», a encore précisé Emirates sans un mot pour le détail des critiques qui la visent.

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