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Robot raciste : des antiféministes et des libertariens derrière la fronde contre Microsoft ?

24 heures après la mise en service son intelligence artificielle Tay, Microsoft a dû la désactiver car elle a tenu des propos nazis, racistes et sexistes. Mais l’énorme mouvement de trolling qui a fait disjoncter le robot était-il «organisé» ?

C’est un tweet de Brighton E. Whytock , diffusé peu après la mise en route de Tay, l'intelligence artificielle développée par Microsoft, censée appendre par le biais de ses conversations avec les internautes, qui a attiré l'attention du journal Le Monde, lui laissant penser que les excès de Tay ont été provoqués par une campagne de harcèlement informatique (trolling) intense.

«Il faut que nous fassions en sorte que tout le monde détourne Tay, des supporters de Trump au #GamerGate [un mouvement informatique libertarien et anti-féministe]», réclamait Brighton Whytock, un jeune homme, qui se présente sur son profil Twitter comme un admirateur du candidat républicain et un défenseur de la liberté d’expression.

Quelques heures plus tard, c’était chose faite puisque le robot enchaînait les phrases scandaleuses telles que «Hitler avait raison» ou encore «les n***** devraient être pendus».

Mais pour obtenir un tel résultat, Brighton Whytock, qui compte quelques 560 abonnés sur Twitter, n’a évidemment pas été le seul à appeler les internautes à se jouer du robot de Microsoft. Il a notamment été rejoint par d’autres Twittos comme MisterMetokur, spécialiste du trolling comptant plus de 16 000 abonnés et adepte lui aussi du fameux mouvement GamerGate.

L'incitation à faire apprendre des insanités aux robots a également été lancé sur le forum 4chan, plateforme sulfureuse spécialisée dans le politiquement incorrect, où un internaute a prévenu : «Ça va être un sacré bordel», juste après le lancement de Tay.

Mais surtout, le GamerGate, dont sont issus la plupart des internautes ayant participé au sabotage du robot, est réputé pour son antiféminisme.

C’est ainsi que Tay s’est retrouvée à traiter Zoe Quinn, une développeuse de jeux vidéo féministes réputée dans le milieu, de «stupide p***». L'intelligence artificielle a également attaqué Anita Sarkeesian, autre figure du féminisme en ligne.

Si la mise K.O. du robot a réjoui de nombreux internautes, d'autres observateurs se montrent plus pessimistes, comme le journaliste informatique Jeet Heer, qui explique : «Si nous développons l’intelligence artificielle, il est probable qu’elle bâtisse ses repères sur le monde et la société é partir d’internet. Ce qui signifie que nous sommes condamnés», ce sera toujours «des partisans du GamerGate, des trolls de droite alternative et les gens qui retweetent Trump».