«Les Etats membres doivent manifester un intérêt accru à renforcer la sécurité nucléaire», a déclaré Yukiya Amano à l’AFP, soulignant que «la possibilité que des matériaux nucléaires soient employés [par les terroristes] ne peut pas être exclue».
Un sommet sur la question doit réunir les dirigeants d’une cinquantaine de pays à Washington les 31 mars et 1er avril.
Un risque réel
Plusieurs centrales nucléaires françaises auraient été survolées à plusieurs reprises par des drones non identifiés au cours de ces derniers mois.
La police belge aurait par ailleurs découvert en décembre dernier, dans le cadre de perquisitions effectuées à la suite des attentats de Paris, des enregistrements vidéo prenant pour cible un haut responsable de l'industrie nucléaire belge.
Selon le journal belge, La Dernière Heure, ces enregistrements auraient été réalisés par les deux kamikazes qui se sont fait sauter le 22 mars dans la capitale belge. L’information n’a cependant pas été confirmée par le parquet.
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Outre le risque d’attaque directe sur des installations nucléaires dans le monde, la principale menace proviendrait, selon Yukiya Amano, du vol de matériaux radioactifs. L’AIEA a déjà recensé près de «2 800 cas de trafic, de détention illicite ou de perte de telles substances, dont un incident en Irak l’an passé». Pour le directeur de l’agence internationale de l’énergie atomique, cela ne serait que «la partie émergée de l’iceberg».
La menace d’une «bombe sale»
Yukiya Amano prévient qu’une infime quantité de plutonium suffirait pour confectionner une bombe atomique «rudimentaire». Cité par l’AFP, il estime que «de nos jours, les terroristes ont les moyens, les connaissances, et les informations» pour confectionner une telle bombe.
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Il existerait dans le monde une quantité suffisante de plutonium et d’uranium enrichi pour fabriquer l’équivalent de 20 000 bombes d’Hiroshima, selon un groupe d’experts travaillant au sein du Panel international sur les matériaux fissiles.
Or, pour le directeur de l’AIEA, une telle bombe ne nécessiterait pas d’uranium enrichi ou de plutonium et pourrait être réalisée avec des matériaux nucléaires utilisés dans des locaux faciles d’accès, tels que les hôpitaux ou les universités.
Les Etats sous-estimeraient-ils la «menace nucléaire» ?
«Le plus gros problème provient des pays qui ne reconnaissent pas le danger que représente le terrorisme nucléaire», souligne le chef de l’autorité de surveillance nucléaire mondiale qui dépend de l’ONU. Un amendement à la Convention sur la protection physique des matières et des installations nucléaires n’est d'ailleurs toujours pas entré en vigueur, onze ans après sa signature, faute d’un nombre suffisant de ratifications. L’amendement, qui prévoit d'obliger légalement les Etats à protéger les matières nucléaires, ne pourra entrer en vigueur que lorsque les deux tiers des 148 signataires l’auront ratifié.