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Une nouvelle constitution syrienne pour août: Washington et Moscou veulent une solution politique

Les chefs des diplomaties russe et américaine se sont entendus sur la transition politique en Syrie et sur l’élaboration d’un projet de constitution pour août. Les négociations ont été plus détendues qu’auparavant sur la Syrie et l’Ukraine.

Les discussions ont duré quatre heures, impliquant le président russe Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, son homologue américain John Kerry et l’ambassadeur des Etats-Unis en Russie John F. Tefft.

Sur la Syrie

«Nous nous nous sommes accordés sur le calendrier pour établir un cadre à la transition politique [en Syrie] ainsi que pour un projet de constitution, choses que nous envisageons pour août», a fait savoir John Kerry aux journalistes lors de la conférence conjointe avec Sergueï Lavrov après leur rencontre.

Son homologue russe a ajouté que les deux parties avaient décidé d’utiliser leur influence pour pousser le gouvernement syrien à s’engager dans des «négociations directes» avec l’opposition afin d’accélérer les discussions sur une transition politique qui pourrait aider à mettre fin à la guerre.

Sur l’Ukraine

Quant à l’Ukraine, les deux parties ont insisté sur le fait que les accords de Minsk devaient être pleinement respectés. «Nous nous sommes effectivement engagés à s’assurer que le Donbass, [qui comprend] les Républiques autoproclamés de Donetsk et de Lougansk, mettent en œuvre ce que leurs représentants ont signé à Minsk», a précisé Sergueï Lavrov, appellant son homologue John Kerry à s’assurer qu’un engagement similaire serait pris mise à Kiev.

Le secrétaire d’Etat américain a de son côté promis qu’une fois les accords «pleinement mis en œuvre», les Etats-Unis seraient prêts à lever les sanctions imposées à la Russie.

Sergueï Lavrov a confirmé que Moscou surveillait de près la santé de la pilote ukrainienne Nadezhda Savtchenko. «Nous confirmons que les conditions de santé de Savtchenko, sujet sur lequel plusieurs tentent de spéculer, ne suscitent pas de préoccupations», a assuré le diplomate russe, ajoutant qu’elle se trouvait «sous contrôle constant de médecins russes».

La pilote des Forces aériennes ukrainiennes qui était allée lutter contre les rebelles ukrainiens dans l’Est du pays en tant que volontaire, a été jugée coupable du meurtre de deux journalistes russes dans la région, et d’avoir traversé illégalement la frontière russe. Le tribunal régional de Rostov-sur-le-Don a condamné la pilote ukrainienne à 22 ans d’emprisonnement. 

John Kerry, lui, a appelé à renvoyer Savtchenko chez elle, et a fait savoir aux journalistes que le président russe avait dit qu’ils seraient un jour «en mesure d’aborder le problème de Savtchenko».

Sur la lutte contre la cybercriminalité

Evoquant la question du piratage, la Russie et les Etats Unis ont discuté de la tenue de consultations entre les experts des deux pays pour qu’ils puissent trouver des moyen plus efficaces pour lutter contre la cybercriminalité.

«Nous avons aujourd'hui [...] convenu de tenir des consultations spéciales sur les problèmes de cybercriminalité, prenant en considération que la grande majorité des Russes que les Américains arrêtent dans des pays tiers ou dont ils veulent l'extradition sont accusés de cybercriminalité», a expliqué le diplomate russe.

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Sur l’amélioration des relations entre les deux pays

Le ton des relations russo-américaines sur nombre de questions semble avoir été plus détendu qu’auparavant, y compris sur la Syrie et le conflit à l’Est de l’Ukraine. Les deux partis ont fait preuve d’un désir apparent d’améliorer les relations bilatérales.

Vladimir Poutine a félicité son homologue américain pour les progrès réalisés en Syrie : «Nous comprenons que tout ce que nous avons réussi à accomplir en [direction de la] Syrie, ne pouvait être atteint que grâce à la position de l’administration politique des Etats-Unis et du président Barack Obama.»

John Kerry a de son côté noté que la productive collaboration de onze mois du cosmonaute russe Mikhaïl Kornienko et de l’astronaute américain Scott Kelly dans la Station spatiale internationale (ISS) devait servir d’un exemple à la coopération entre les deux pouvoirs.

«Quand ils m’ont parlé de comment ils passaient leur temps dans l’espace, ils ont souligné que leur proche coopération montrait non seulement ce que deux astronautes pouvaient faire, mais aussi ce que deux pays pouvaient réaliser ensemble», a expliqué le diplomate américain.

Suite aux négociations, le président du comité des affaires internationales de la Douma, Alekseï Pouchkov, a précisé que les deux pays commençaient à développer des relations plus étroites, basées sur les besoins urgents des Etats-Unis, besoins qui leur faisaient oublier leur précédent objectif d’isolement de la Russie.

«Concernant la visite de Kerry : il n’y a rien de plus puissant en politique que la nécessité. Sous son influence, oubliant d’isoler la Russie, les Etats-Unis ont commencé à changer», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Sur l’existence de différends

Le ministre des Affaires étrangères russe a cependant signalé l’existence de nombre de questions sur lesquels les deux pays ne s’entendaient pas. Mais ils n’empêcheront pas les deux pays de coopérer «sur un pied d’égalité» sur les problèmes pour lesquels ils ont trouvé un terrain d’entente, a-t-il promis.

«Les Etats-Unis ont beaucoup de partenaires qui ne sont pas d’accord avec eux. Cela ne signifie pas que les différends sur un sujet particulier doivent les empêcher de s’entretenir», a expliqué le ministre russe.