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Congo : jour de vote sans téléphone ni internet ni SMS, coupés par le pouvoir (PHOTOS)

Le 20 mars, les Congolais votaient pour élire leur président parmi huit candidats, dont le chef de l'Etat sortant Denis Sassou Nguesso. Les autorités ont annoncé la veille la coupure de toutes les télécommunications les dimanche 20 et lundi 21 mars.

La décision de couper notamment le téléphone, internet et les SMS, a été dictée, selon les autorités par «des raisons de sécurité et de sûreté nationales», afin d'empêcher l'opposition de publier des «résultats illégaux». En l'absence de communications téléphoniques, les journalistes présents à Brazzaville n'étaient pas en mesure d'obtenir des informations sur le déroulement du scrutin dans le reste du pays.

Dans la capitale congolaise, à la mi-journée, les opérations de vote se déroulaient dans le calme. Le scrutin devait commencer à 07h00 (06h00 GMT) mais dans la plupart des bureaux de vote visités par l'AFP les opérations de vote ont commencé avec une heure de retard. Les bureaux doivent fermer à 18h00. Les résultats pourraient être connus dans la soirée du 21 mars.

Les conditions pour un scrutin transparent et démocratique pas réunies, selon l'UE

«Il y a eu des retards mais ça va mieux, les choses se passent dans le calme», a déclaré Eric Katolo, chef d'une mission d'observation de 18 personnes de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). L'Union européenne, elle, a jugé que les conditions pour un scrutin transparent et démocratique n'étaient pas réunies et a renoncé à déployer ses observateurs.

D'une manière générale, l'affluence n'était pas très forte à la mi-journée, mais c'est une constante les jours de vote au Congo. Denis Sassou Nguesso a voté dans le centre de Brazzaville vers 11h15. Le Congo expérimente avec cette présidentielle un bulletin de vote unique faisant apparaître les noms des neuf candidats, chaque électeur devant indiquer son choix par une croix ou une empreinte digitale sous le nom choisi.

Près de 32 ans à la tête du Congo

A Poto-Poto, dans le centre de la capitale, les rues étaient par endroit envahies par des dizaines de jeunes profitant de l'interdiction de la circulation des véhicules pour jouer au football. La présence policière était visible, notamment aux barrages filtrant les véhicules autorisés à rouler, mais en rien écrasante.

Coalisés contre le président, qui a passé plus de 32 ans à la tête du Congo, ce petit Etat pétrolier d'Afrique centrale peuplé de 4,5 millions d'habitants et où la pauvreté est massive, cinq candidats d'opposition estiment que les conditions ne sont pas remplies pour que cesélections soient «sincères, crédibles et transparentes».

Des candidats d'opposition coalisés ?

Ces candidats n'envisagent pas de boycotter le scrutin mais ont appelé le peuple à «exercer sa souveraineté» dans le cas où le président sortant l'emporterait dès le premier tour, comme il l'a promis à ses partisans. Craignant des violences après le scrutin, les Nations unies ont appelé le 17 mars toutes les parties au calme.

N'ayant aucune confiance dans la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) chargée de publier les résultats, les cinq candidats du pacte anti-Sassou, à savoir Guy-Brice Parfait Kolélas, Jean-Marie Michel Mokoko, Claudine Munari, André Okombi Salissa et Pascal Tsaty Mabiala, ont créé une «commission technique» parallèle pour surveiller le scrutin. L'opposition avait assuré qu'elle alignerait cinq délégués dans chaque bureau de vote du pays, mais elle n'y est pas parvenue dans ceux que l'AFP a pu visiter à Brazzaville.

A la tête du Congo de 1979 à 1992 sous un régime du parti unique, Denis Sassou Nguesso était revenu aux affaires par les armes en 1997, avant d'être élu en 2002 et réélu en 2009 lors d'élections contestées par l'opposition. Sa candidature a été rendue possible par un changement de la Constitution congolaise qui a fait sauter les deux verrous qui l'empêchaient de se représenter.