International

Tensions entre les deux Corées : Pyongyang tire deux missiles en mer du Japon

La Corée du Nord a tiré deux missiles balistiques à courte portée au large de ses côtes orientales pour empêcher les exercices communes de Séoul et Washington qui auraient pu porter atteinte à sa souveraineté, selon Pyongyang.

Les missiles ont été tirés à 5h20 (heure locale) dans la province du Hwanghae du Nord et ont parcouru chacun 500 kilomètres avant de s'abîmer en mer Orientale, aussi nommée mer du Japon, au large du port nord-coréen de Wonsan, selon un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense. 

«L’armée surveille de près la situation et est prête à faire face à toute provocation de la Corée du Nord», a écrit le Comité des chefs d’États-majors interarmées de la Corée du Sud dans un communiqué.

Lire aussi : Les Etats-Unis déploient une nouvelle batterie anti-missiles Patriot en Corée du Sud

Les tirs de missiles de courte portée ont été perçus comme une manifestation de l'indignation de Pyongyang à l'égard des exercices militaires conjoints d'un ampleur sans précédent organisés par la Corée du Sud et les Etats-Unis, baptisés «Key Resolve» et «Foal Eagle», qui ont débuté le 7 mars et devraient prendre fin le 20 avril. D’après l’agenda, ces exercices doivent mobiliser un porte-avions, un sous-marin nucléaire et des ravitailleurs d'avions de combat américain. 

Hier, le 9 mars, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un avait déjà annoncé avoir miniaturisé avec succès des têtes thermonucléaires pour les monter sur des missiles balistiques. Il avait aussi souligné que la première fonction de l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord visait à «démarrer une guerre nucléaire», ajoutant que la manière la plus efficace d’éviter un tel conflit serait d’«étendre la force nucléaire en quantité et en qualité».

Kim Jong-Un a notamment réitéré que la Corée du Nord pourrait utiliser ses armes nucléaires dans une frappe préventive, en tant que mesure défensive contre une possible agression, soulignant que les Etats-Unis n'avaient en aucun cas «le monopole» d'une telle initiative. Il a ajouté que si les Américains «menaçaient sa souveraineté et son droit à l’existence», la Corée du Nord n'hésiterait «jamais à perpétrer une frappe nucléaire préventive».

Le Japon s’insurge

Le gouvernement japonais s’est insurgé contre la Corée du Nord suite au lancement des missiles, déclarant que ce comportement constituait une violation de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU. Une note de protestation a été envoyée par les canaux diplomatiques de l’ambassade à Pékin.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe est allé jusqu’à faire se tenir une réunion d’urgence extraordinaire.

Coopération interrompue 

Quelques heures après le lancement des missiles balistiques, la Corée du Nord a annoncé qu’elle annulait tous ses accords de coopération avec Séoul et allait «liquider» les actifs d'entreprises sud-coréennes présents sur son sol.

«A compter d’aujourd’hui, nous déclarons nuls tous les accords conclus entre la Corée du Nord et la Corée du Sud en matière de coopération économique et de programmes d'échanges», a annoncé le Comité pour la réunification pacifique de la Corée dans un communiqué diffusé par l'agence officielle KCNA.

Cette annonce est liée à la suspension des opérations dans la zone industrielle de Kaesong, qui était l’un des ultimes projets de coopération de ces deux pays ces dernières années. Les entreprises sud-coréennes ont déjà évalué leurs pertes à 820 milliards de wons (617 millions d'euros).

«Personne ne peut liquider unilatéralement des actifs privés», s'est insurgé auprès de l'AFP le président de cette association, Jeong Gi-Seob, qualifiant la décision nord-coréenne de «scandaleuse».