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Irak : le barrage «le plus dangereux du monde» pourrait provoquer des centaines de milliers de morts

Le barrage de Mossoul inquiète de plus en plus. Construit sur un terrain instable au début des années 80, il menace aujourd'hui de céder et d'engloutir une partie de la région.

«Si ce barrage tombe, ce sera terrible.» Le général Austin, chef de l'armée américaine en Irak, n’y est pas allé par quatre chemins devant les membres du Congrès mardi. L’édifice, qui retient les eaux du Tigre, se situe à une quarantaine de Mossoul, la deuxième ville irakienne. Depuis des semaines, il fait l’objet de toute l’attention des autorités du pays. Et pour cause, le barrage serait au bord de la rupture. Avec quelques centaines de milliers de personnes qui vivent à proximité, un tel scénario représenterait tout simplement l’une des pires catastrophes de l’Histoire.

L’Etat islamique n’a rien arrangé

La fragilité du barrage est connue depuis sa création. Construit au début des années 80 sur un sol instable constamment érodé par l’eau, les Irakiens le tiennent debout tant bien que mal. La technique la plus utilisée consiste en une injection massive de ciment sous les fondations. En 2006, un rapport des ingénieurs de l’armée américaine qualifiait la structure de «barrage le plus dangereux du monde».

Pris d’assaut et tenu par les terroristes de Daesh plusieurs semaines en 2014, le barrage a depuis été repris aux extrémistes. Le problème est que le groupe Etat islamique contrôle toujours l’usine fabricant le ciment nécessaire à la consolidation du barrage. De quoi retarder les travaux et avancer l’inévitable.

Une vision d’horreur

La rupture de l’édifice serait d’une violence inouïe mais pas autant que ses conséquences. «S'il rompt, le centre de Mossoul sera englouti par une vague de 12 à 15 mètres. Il disparaîtra simplement et 500 000 personnes seront tuées en quelques heures» explique un conseiller du Premier ministre irakien.

Bagdad, qui se trouve en aval du Tigre, pourrait être atteinte par une vague de plusieurs mètres de haut. «Il y aura des milliers de personnes qui seront blessées ou tuées, certaines déplacées. Les dégâts pourraient s’étendre jusqu’à Bagdad» a rappelé le général Austin.

Selon les experts américains, une telle catastrophe serait «mille fois pire» que l’Ouragan Katrina.

Une entreprise italienne sur le coup

Les autorités irakiennes sont bien conscientes de l’urgence de la situation. Une entreprise italienne a récemment été engagée pour s’occuper du barrage. «Elle ne pourra se mettre au travail que dans plusieurs semaines voir plusieurs mois» s’alarme le chef militaire américain. Le risque demeure entier. Le barrage tiendra-t-il le coup jusque là ? On ne peut que l’espérer pour les milliers d’Irakiens qui vivent sous sa menace.

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