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Moscou : l'APCE est devenu un outil idéologique, pas de raison de rester

Les autorités russes, après avoir quitté l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, prévoient de se concentrer sur d’autres instances internationales. La participation de la Russie au Conseil de l’Europe, en général, devient un sujet à débat.

« Il est impossible pour nous de rester dans une organisation qui discrimine la délégation russe », a déclaré sur RT Alekseï Pouchkov, chef de la délégation russe à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et président de la commission des Affaires étrangères à la Douma d’Etat.

« Avant notre arrivée à Strasbourg, nous avons mis en garde nos collègues européens que la Russie n’acceptera pas de nouvelles sanctions », a dit Pouchkov. « Cela n'avait rien de surprenant, ce n’était pas une menace. Ce n’était même pas un avertissement, nous n’avons fait qu’informer nos collègues que la Russie ne voit pas comment elle pourrait rester au sein de l’Assemblée parlementaire dans ces conditions ».

Le président Poutine, d’après Pouchkov, n’a pour l’instant aucune intention de faire sortir la Russie du Conseil de l’Europe dans son ensemble. Cependant, l'élu a souligné que la situation est quelque peu différente au parlement russe.

Pouchkov se réfère à la déclaration du président de la Douma Sergueï Narychkine qui a dit que la Russie pourrait mettre un terme à sa participation au Conseil de l’Europe si l’Assemblée parlementaire ne change pas d’attitude envers la Russie.

« Une telle mesure est discutée pour la première fois. Il y a une obstruction permanente à notre travail à l’Assemblée parlementaire, nous faisons toujours face à des sanctions discriminatoires… La Russie a mis en garde qu’elle quitterait l’Assemblée si de nouvelles sanctions étaient appliquées et réexaminerait à partir de l’année prochaine la nécessité pour elle de rester au Conseil de l’Europe », a dit Pouchkov.

Il y a assez d’autres organisations et instances internationales où les opinions de la Russie peuvent être entendues et discutées sans discrimination et sur un pied d’égalité, a ajouté Pouchkov. Il a déclaré que Moscou envisage de défendre sa position dans le cadre de ces instances, y compris les Nations Unies où « la Russie a un droit de véto et où les sanctions ne s’appliquent pas ».

« Je pense que l’Assemblée parlementaire a tout à perdre », a dit Pouchkov. Maintenant que la Russie a coupé tout contact avec l’Assemblée, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a une chance de remplacer l’Assemblée en tant que forum principal de discussion des problèmes européens, a dit le parlementaire à RT.

De plus, Pouchkov pense que l’Assemblée parlementaire, l’année dernière, a perdu sa crédibilité en violant à plusieurs reprises ses principes fondamentaux de protection de la démocratie, des droits de l’homme et de l'Etat de droit. A présent, c’est un outil idéologique de la politique occidentale qui a omis de condamner les nombreuses violations des droits de l’homme et atrocités en Ukraine.

La restriction des prérogatives de la délégation russe est « un acte discriminatoire » encouragé manifestement par des « forces pro-américaines », a déclaré le sénateur et membre de la commission des Affaires étrangères Igor Morozov.

« Il est regrettable que l’Assemblé du Conseil de l’Europe ne serve plus de plate-forme parlementaire de discussion où nous pouvons échanger sur des questions cruciales de l’actualité et où les délégués ont une possibilité d’expliquer la position de leur pays », a dit Morozov à RT, ajoutant que toutes ces fonctions seront désormais remplies par l’Assemblée parlementaire de l’OSCE et l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée.

 « Priver la Russie de ses prérogatives signifie au bas mot interdire aux parlementaires russes de répondre aux questions qu’on continue à leur poser » , a expliqué  Morozov. « Il est impossible de répondre de manière raisonnable et exacte quand on est privé de voix ».

Le représentant permanent de la Russie auprès de l’Union Européenne Vladimir Tchizhov a dit que la décision de priver la délégation russe de son droit de vote a privé l’Assemblée de sa possibilité d’entendre le point de vue russe. 

« La privation du droit de vote ne porte préjudice ni à la délégation russe, ni au parlement russe. C’est l’Assemblée parlementaire qui subit le plus grand dommage en se privant jusqu’à la fin de l’année de la possibilité d’entendre le point de vue russe et de chercher des solutions communes aux problèmes qui figurent à l’ordre du jour », a déclaré Tchizhov à Sputnik.

En attendant, la présidente de l’Assemblée Anne Brasseur a dit à RT qu’elle regrette le fait que la Russie a décidé d’interrompre ses communications avec l’Assemblée pour le reste de l'année.

« Je pense que la décision de la délégation russe de se retirer immédiatement n’était pas appropriée », a dit Brasseur à RT en expliquant que la suspension d’un droit de vote ne signifie pas que la délégation ne peut pas prendre part aux comités et discussions.

« La suspension des droits de vote ne signifie pas l’annulation des pouvoirs », a-t-elle précisé. « Chaque année, au début des sessions de janvier, toutes les délégations doivent être confirmées ou contestées dans leurs pouvoirs. Les pouvoirs de la Russie ont été contestés. Nous avons entamé la procédure, et l’Assemblée parlementaire est parvenue à la conclusion de ne pas annuler les pouvoirs de la délégation russe, mais de suspendre son droit de vote ».

La présidente de l’Assemblée parlementaire continue à souhaiter la poursuite du dialogue avec la Russie et a dit jeudi aux journalistes que s’il y a du progrès sur la réconciliation en Ukraine, l’organisation peut annuler les restrictions imposées à la Russie après la « réévaluation de la situation » en avril.