«Tous ceux qui s’opposent à eux [au gouvernement], chaque journaliste qui est contre le gouvernement est jeté en prison. J’étais détenue comme si j’étais un supporter des terroristes et le journal Zaman est lié au mouvement religieux Gülen dont le leader est un turc sunnite prénommé Fethullah Gulen qui réside aux Etats-Unis. Le gouvernement dit qu’il essaye d’organiser un nouveau coup d’Etat contre les autorités. Maintenant, les journalistes de Zaman et les gens qui le lisent sont jetés en prison sous prétexte d’être partisans du coup d’Etat. Voilà comment les choses se passent en Turquie», a raconté Frederike Geerdink à RT. L’année dernière, elle a été expulsée du pays.
Tous les systèmes de gestion de contenu ont été bloqués par la nouvelle administration, d’après l'édition anglaise de Zaman, Today’s Zaman. Alors les journalistes continuent de diffuser des informations concernant leur situation sur Twitter.«La connexion internet a été coupée lors du raid de la police», ont tweeté des journalistes du journal.
La journaliste a aussi expliqué à RT qu’elle était en contact avec un des employés de Zaman quelques jours avant le raid et qu'il lui avait dit que leur journal «vivait une période difficile» à cause de la pression des autorités. Par exemple, si quelqu’un travaille dans les structures gouvernementales, il ou elle ne peut ni acheter ni lire Zaman. La violation de cette règle étrange peut même valoir à l'auteur de cette transgression d'être licencié.
«La majorité des grands journaux ou des chaînes de télévision importantes qui ne relaient pas entièrement les propos du gouvernement ont des relations économiques étroites avec Ankara car ils font partie de grands groupes. C’est pourquoi ils sont forcés de suivre la ligne gouvernementale. Au cas contraire, le groupe auquel ils appartiennent peut perdre des contrats sur le marché de la télécommunication», a-t-elle précisé en ajoutant que la chaîne CNN Turk n’avait pas montré les manifestations qui se sont déroulées près des locaux de Zaman.
«CNN Turk a même mis un terme à deux talk-shows assez populaires car les idées de leurs présentateurs allaient à l’encontre de celles du gouvernement», a déclaré Frederike Geerdink.
Le 4 mars, un tribunal a désigné un groupe de managers pour reprendre la gestion de Zaman et dans son édition datée du 5 mars, Today's Zaman écrit que le rédacteur en chef de Zaman, Abdülhamit Bilici a été licencié.
Depuis le 4 mars, des centaines de personnes manifestent devant les bureaux de Zaman. Dans la nuit, la police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les protestataires.
Le raid policier a débuté peu avant minuit le 4 mars, après une journée de face-à-face tendu entre la police et les manifestants de l'opposition, furieux contre la décision du gouvernement de nationaliser Zaman. Les manifestants l’ont qualifiée de «répression du gouvernement contre la presse libre». Un important dispositif policier entourait les lieux, contrôlant soigneusement l’identité des employés qui se rendaient à leurs postes de travail. Les administrateurs désignés par la justice ont déjà pris leur fonction.