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Manifestation pour la liberté de presse à Istanbul : la journaliste de RT victime de gaz lacrymogène

Paula Slier, correspondante de RT, n’a pas pu échapper aux gaz lacrymogènes à Istanbul, lorsque la police anti-émeutes a essayé de disperser une manifestation contre la nationalisation du journal d’opposition Zaman qui en était à son deuxième jour.

La tension continue de monter. Massée depuis le 4 mars devant les locaux du journal turc Zaman, une foule d’opposants proteste contre la nationalisation du titre décrétée par la justice turque. Et les forces de l’ordre ont employé la force pour tenter de disperser les manifestants. «La police a utilisé d’importantes quantités de gaz lacrymogènes, c’était une manifestation pacifique», a confié un manifestant à la correspondante de RT, Paula Slier, devant les bureaux de Zaman à Istanbul.

«Au cours des dix dernières minutes, nous nous sommes faits gazés, alors nous avons couru pour nous mettre à l’abri», rapporte Paula Slier sur son Périscope.

«La manifestation était pacifique. Tout de suite la police s’est avancée et en quelques minutes, les policiers ont commencé à bousculer et à lancer des grenades de gaz lacrymogènes. Tout le monde a commencé à courir. Je me suis laissé entraîner par un groupe de femmes et plusieurs d’entre elles sont entrées dans un salon de coiffure où des gens essaient de se mettre à l’abri», a-t-elle témoigné.

La police turque a lancé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser près de 2 000 manifestants qui se sont réunis devant le bureau du journal turc d’opposition après que les autorités ont décidé d’en prendre le contrôle, rapporte Reuters. On signale des blessés.

En savoir plus : Turquie : la police disperse violemment les opposants à la nationalisation du journal Zaman

Après être intervenue dans cette manifestation pacifique, la police turque a commencé à mettre des barrières devant les locaux de Zaman pour empêcher de nouvelles manifestations.

Le 4 mars, un tribunal La Cour a désigné un groupe de managers pour Zaman et dans son édition datée du 5 mars, la version anglaise de Zaman écrit que le rédacteur en chef de Zaman, Abdülhamit Bilici a été licencié.

Depuis le 4 mars, des centaines de personnes manifestent devant les bureaux de Zaman. Dans la nuit, la police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les protestataires.

Samedi matin, un important dispositif policier entourait les lieux, contrôlant soigneusement l’identité des employés qui se rendaient à leurs postes de travail. Des administrateurs désignés par les autorités ont déjà pris leur fonction sur place.

Alors que le gouvernement contrôle Zaman, CNN Turk annule les émissions des journalistes anti-Erdogan

Le jour où le gouvernement turc a pris le contrôle du journal d’opposition Zaman, la chaîne de télévision CNN Turk a annulé plusieurs émissions en invoquant leur «coût élevé». Les animateurs dont les émissions ont été annulées sont Mirgun Cabas et Taha Akyol, des journalistes chevronnés connus pour les propos critiques à l’encontre du président turc, Recep Tayyip Erdogan.

La réaction des hommes politiques

La communauté internationale a dénoncé la nationalisation du journal turc Zaman.
Le service diplomatique de l'Union européenne a diffusé un communiqué qui indique que «l'UE a constamment souligné que la Turquie, en tant que pays candidat, doit respecter et promouvoir des normes et pratiques démocratiques élevées, dont la liberté des médias».

Le commissaire européen à l'élargissement, Johannes Hahn, s'est déclaré «extrêmement préoccupé» par le fait que ces derniers événements survenus en Turquie compromettent les progrès dans d’autres domaines. «Nous allons suivre de près ce qui va se passer. La Turquie, candidate à l'adhésion, doit respecter la liberté de la presse», a-t-il tweeté.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a promis d'évoquer ce «nouveau coup porté à la liberté de la presse en Turquie», lors de sa rencontre avec le Premier ministre Ahmet Davutoglu, qui doit avoir lieu le 7 mars. «Si quelqu’un n’est pas accord avec les affirmations ou les informations d’un journal, il doit les contrer avec des faits et non pas étouffer le journalisme», a-t-il écrit sur son compte de Twitter.

Il est à noter qu’un sommet UE-Turquie spécifiquement consacré à la crise migratoire doit se tenir dans deux jours à Bruxelles.

Moscou a souhaité l'ouverture d'une enquête internationale. «Nous espérons que nos partenaires occidentaux mettront de côté leurs craintes de déplaire à Ankara. Il est indispensable d'exiger le respect des obligations internationales concernant la liberté de la presse», a indiqué la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Les Etats-Unis ne sont pas restés en retrait. Le porte-parole du département d'Etat, John Kirby, a dit regretter «la dernière de toute une série actions judiciaires et policières inquiétantes prises par le gouvernement turc pour cibler des médias et ceux qui le critiquent».