«Nous n’avons rien. Nous avons besoin d’une nouvelle armée, d’une nouvelle Garde nationale, d’une nouvelle force de police. C’est sur quoi le gouvernement ukrainien doit travailler maintenant. Nous devons restaurer tout cela et puis, avec une volonté suffisante, la Crimée sera nôtre», a déclaré le ministre ukrainien de l’Intérieur, Arsen Avakov, sur les ondes de la chaîne de télévision ukrainienne 1+1. «Cela ne fait pas l’ombre d’un doute», a-t-il ajouté.
Dans les faits, le ministre ukrainien a déclaré que Kiev était en train de former une force spéciale séparée au sein de sa Garde nationale.
«Nous entraînons des hommes avec l’aide de Moustage Dzhemilve et Refat Tchoubarov (militants tatars criméens d’Ukraine). Nous travaillons sur un projet qui nous prépare à récupérer la Crimée», a-t-il indiqué, sans donner plus de détails.
Le président ukrainien Petro Porochenko a ordonné le 26 février au ministère de la Défense et l’Etat-major général des forces armées de rédiger des propositions de renforcement de la frontière entre l’Ukraine et la Crimée. L’objectif principal est de contrer la capacité croissante de l’armée russe en Crimée, a indiqué Petro Porochenko.
Les menaces de Kiev ont suscité la critique et les avertissements de la Crimée, mais n’ont pas été tellement prises au sérieux.
«Avakov jette de la poudre aux yeux. Personne en Crimée, ni les habitants, ni les forces armées, n’ont peur de ces déclarations fanfaronnes pour une simple raison. La Crimée peut compter sur une armée puissante disposant de tous types d’équipements militaires modernes», a déclaré le gouverneur de Sébastopol Sergueï Menyailo, ajoutant qu’il vaudrait mieux pour les troupes ukrainiennes de «prendre la poudre d’escampette» au lieu de vouloir affronter les militaires russes.
Selon la procureur générale de la Crimée, Natalya Poklonskaya, les déclarations d’Arsen Avakov violent la constitution russe. «S’ils entendent créer des bataillons armés, ils peuvent consulter l’article 208 du Code criminel russe et voir la peine à laquelle ils s’exposent (jusqu’à 15 ans d’emprisonnement). Personne ne peut créer de forces illégales et armées pour se saisir de territoires étrangers. C’est un crime», a-t-elle expliqué.
Natalya Poklonskaya a conseillé Kiev de se concentrer sur «sa politique constructive au sein de son propre Etat» plutôt qu’«avoir des prétentions sur le territoire d’autrui».
Le 16 mars 2014, la Crimée a voté à plus de 95% son rattachement à la Russie lors d’un référendum organisé au pas de charge, moins d’un mois après l’éviction, à Kiev, du président élu démocratiquement Viktor Ianoukovytch. Deux jours après la tenue de ce scrutin, la Crimée et la ville de Sébastopol devenaient officiellement deux nouveaux sujets de la Fédération de Russie