Les matériaux, stockés dans un étui de protection de la taille d'un ordinateur portable, ont disparus d'une installation de stockage américaine de la base de Bassorah en novembre dernier, selon les documents du ministère de l'environnement qui ont fuité.
Un responsable de la sécurité, sous couvert d'anonymat, a déclaré : «Nous craignons que les éléments radioactifs qui constituent ces matériaux ne soient tombés entre les mains de Daesh.»
«Ils [les combattants de l'EI] pourraient tout simplement les attacher à des explosifs pour fabriquer une bombe radioactive», a-t-il ajouté.
Le document, datant du 30 novembre 2015 et adressé au Centre du ministère pour la prévention de la radiation, décrit le vol d'une «source radioactive très dangereuse d'Ir-192 avec une activité hautement radioactive, dans un dépôt situé dans la zone de Rafidhia, dans la province de Bassorah».
Un haut responsable du ministère de l'Environnement de la ville de Bassorah a déclaré sous couvert d'anonymat à Reuters que le dispositif contenait jusqu'à 10 grammes de capsules d'Ir-192, un isotope radioactif d'iridium notamment utilisé pour traiter les cancers.
Le matériau est classé dans la catégorie 2 par l'Agence internationale de l'énergie atomique, ce qui signifie qu'il peut être fatal à toute personne se trouvant à proximité, en quelques jours, voire quelques heures seulement.
Jusqu'à présent, rien n'indique que le matériau soit tombé entre les mains de l'Etat islamique (EI), les combattants de Daesh n'étant pas présents dans cette partie de l'Irak. Néanmoins, l'EI a déjà fait usage d'armes chimiques.
Daesh a en effet attaqué les forces kurdes au gaz moutarde lors d'une bataille près d'Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, en août dernier. A l'issue de cette attaque, 35 soldats étaient tombés gravement malades.
Ce genre de bombe qui pourrait être fabriquée à l'aide de matériaux volés combine des matières nucléaires avec des explosifs conventionnels pour contaminer une zone par rayonnement, contrairement à une arme nucléaire, qui utilise la fission nucléaire pour déclencher une explosion beaucoup plus puissante.
Un responsable de la sécurité en charge de l'enquête a suggéré que les auteurs du vol avaient une connaissance précise de la façon d'utiliser ce matériel et des moyens d'accéder à l'établissement où le vol a eu lieu. En effet, selon lui, il n'y a pas eu d'effraction.
Un des responsables des opérations de la société de sécurité irakienne Taiz, qui a été engagé pour protéger l'installation, s'est refusé à tout commentaire.
Un porte-parole du commandement des opérations de Bassorah, responsable de la sécurité de la province, a déclaré que la police, l'armée, ainsi que les forces de renseignement, travaillaient «jour et nuit» pour localiser le matériel radioactif dérobé.