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Conférence sur la sécurité de Munich, entre convergences et divergences d’opinion

La 52ème Conférence sur la sécurité de Munich a été marquée par les interventions de ministres et hauts responsables politiques occidentaux qui ont abordé la crise syrienne, la question migratoire, une guerre froide et autres sujets d’actualité.

Alors que le groupe Daesh opère en Syrie, de nombreux civils continuent de mourir et de subir les conséquences d’un conflit qui n’a pas été réglé, la question syrienne a été au cœur des discours des intervenants.

Ainsi, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a appelé tous les partis à une coopération urgente afin de trouver une résolution au problème de la Syrie, ainsi que de la Libye, puisque si rien n’est fait maintenant, il se peut qu’il soit trop tard.

«Le danger est que dans 10 ou 20 ans, nous discuterons des mêmes problèmes, s’il y aura de quoi discuter, parce que les discussions sont inadmissibles dans le cadre d’un Califat mondial», a-t-il martelé.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, évoquant les attentats terroristes dans plusieurs pays, a expliqué qu’ils avaient renforcé leur détermination à détruire Daesh, promettant de l’éradiquer le plus vite possible.

Il a également souligné qu’un règlement politique à la crise qui fait rage en Syrie n’est pas possible dans l’état actuel des choses. «La guerre en Syrie ne peut être arrêtée tant qu’Assad reste au pouvoir».

Cependant, Frank-Walter Steinmeier, ministre allemand des Affaires étrangères, s’exprimant à la suite de l’intervention de Kerry, a fait savoir que la destruction militaire de Daesh à elle seule ne fera pas revenir la paix en Syrie. «C’est pour cela que nous poursuivons une solution politique», a-t-il noté.

Les accusations contre la Russie persistent

Entretemps, certains hommes politiques, y compris John Kerry et Philip Hammond ont tous pointés du doigt la Russie, les accusant de viser des rebelles modérés en Syrie.

«Au cours des dernières semaines, la Russie a bombardé les positions de l’opposition au nom de la lutte contre le terrorisme ou autres, cela importe peu. Ils ont bombardé l’opposition armée modérée», a noté le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères britannique Philip Hammond.

Les Etats-Unis ont eux aussi reproché une nouvelle fois à Moscou de bombarder les rebelles syriens modérés plutôt que les djihadistes. Cependant, John Kerry a annoncé que Washington était prêt à établir avec les Russes des listes d'objectifs pour les bombardements.

«Il est essentiel que la Russie change de cibles [...] Nous déterminerons [ensemble] ce qui doit être visé, ce qui ne devrait pas l'être [...] parce que, de toute évidence, si ceux qui sont prêts à participer au processus politique sont bombardés, les conversations seront limitées», a annoncé John Kerry lors de sa dernière intervention au forum en tant que secrétaire d’Etat américain.

Différents hommes politiques occidentaux, fidèlement reliés par les médias ont commencé à accuser la Russie d’avoir bombardé l’opposition modérée dès le lancement de son opération militaire en Syrie le 30 septembre. Cependant, ces allégations n’étant pas étayées de preuves, elles ont été à chaque fois rejetées par le Kremlin qui les a jugées «infondées».

Une guerre froide à éviter

Le terme de guerre froide a été couramment utilisé lors de cette deuxième journée de la Conférence sur la sécurité. Pendant que le Premier ministre russe Dmitri Medvedev était le premier à utiliser cette expression, son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov dénonçait «la mode à la russophobie dans certaines capitales».

En évoquant les relations russo-occidentales, sapées par la crise en Ukraine et le conflit en Syrie, le ministre a estimé qu'elles étaient entrées dans une nouvelle guerre froide. «Ce qui reste c'est une politique inamicale [...] de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. On peut dire les choses plus clairement : nous avons glissé dans une période de nouvelle guerre froide», a-t-il précisé.

Cependant, tout le monde a compris cette expression de différente manière. Tandis que certains ont estimé qu’une guerre froide entre la Russie et l’Occident était déjà en cours, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a été d’un autre avis.

«Nous ne sommes aucunement dans les conditions d’une guerre froide. Et tous ceux qui ont entendu l’intervention de Medvedev diront qu’il ne l’a pas dit. Il a plutôt appelé à éviter une situation qui conduirait à la guerre froide.»

Pour le ministre autrichien des Affaires étrangères Sebastian Kurz, l’UE ne peut pas de nouveau consentir à un conflit latent tel que celui vécu le siècle dernier. «La guerre froide doit rester dans l’histoire», a-t-il noté lors de son intervention.

Les sanctions imposées à la Russie semblent également représenter un malentendu parmi certains politiciens. John Kerry a annoncé que l’Europe et les Etats-Unis conserveront les sanctions contre la Russie jusqu’à la réalisation complète des accords de Minsk sur l’Ukraine, alors que d’autres pays européens notamment la France, visant leur suppression cet été.

«Le choix pour la Russie est simple : appliquer pleinement l'accord de Minsk ou continuer à faire face à des sanctions pénalisantes économiquement», a indiqué John Kerry. En retour, Sergueï Lavrov a signalé que c’est Kiev qui ne remplit pas honnêtement sa part du contrat. «La réalisation des points clés des accords de Minsk n’a pas commencé à cause de l’Ukraine qui se soustrait à ses obligations».

L’afflux de réfugiés

Les représentants européens ont aussi évoqué la crise des réfugiés. Manuel Valls a tracé pour la France une ligne de fermeté sur l'accueil des migrants en Europe, en promettant ne pas dépasser le quota de 30 000 réfugiés.

«Nous ne pouvons pas accueillir plus de réfugiés», a-t-il martelé en faisant évidemment référence à Angela Merkel qui a estimé vendredi qu'un groupe de pays de l'UE pourrait accepter de se répartir plus de réfugiés que ce qui est prévu jusqu'ici, en échange d'une lutte accrue de la Turquie contre la migration illégale.

Le président finlandais Sauli Niinistö a de son côté prévenu du danger que représentait le non-respect des lois européennes, dans le contexte actuel de crise migratoire qui mine la base commune des valeurs de l’UE.

«Je vois que le danger [pour les valeurs européennes] perce au sein même de l’UE, la migration l’a probablement provoqué. En réponse, des mouvements extrémistes apparaissent sur l’échiquier politique. Il y a des pays qui parlent d’introduire des mesures rigoureuses, visant à reconduire immédiatement ceux qui n’ont pas le droit d’entrer ou même fermer leur frontière», a-t-il noté.

Selon le président du Parlement européen Martin Shulz, «la crise migratoire représente un bon exemple de la réduction de solidarité» entre les membres de l’UE. «C’’est pourquoi la crise la plus grande à laquelle l’Union européenne fait face comprends le refus de solidarité», a-t-il mentionné.