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«Nous sommes frères» : le patriarche Cyrille et le pape François signent une déclaration conjointe

Le jour marquant est enfin arrivé – les dirigeants de deux églises se sont rencontrés dans l’aéroport de la Havane presque 1 000 ans après le schisme entre les deux églises. Une déclaration conjointe a été signée par les chefs d’églises.

Samedi 13 février

La rencontre entre le patriarche et le pape «contribuera à une réconciliation» entre les catholiques et les orthodoxes, lit-on dans le document signé par les chefs d’églises.

«Nous sommes divisés par des blessures causées par des conflits d’un passé lointain ou récent, par des divergences, héritées de nos ancêtres, dans la compréhension et l’explicitation de notre foi en Dieu. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu, pour laquelle le Christ a prié. Nous ne sommes pas concurrents, mais frères», lit-on dans le document.

La «crise de la famille» a été un des sujets importants abordés dans la déclaration des chefs d’églises, qui ont regretté que «d’autres formes de cohabitation» ont été «mises sur le même plan» que l’union entre un homme et une femme.

A l’issue de leur rencontre, le Patriarche Cyrille et le Pape François ont signé une déclaration conjointe appelant les dirigeants mondiaux à prévenir «l’extermination» des chrétiens dans le Moyen-Orient et à aider les réfugiés de cette région.

«Notre regard se porte avant tout vers les régions du monde où les chrétiens subissent la persécution. En de nombreux pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord, nos frères et sœurs en Christ sont exterminés par familles, villes et villages entiers», lit-on dans le document.

Les deux dignitaires ont attiré l’attention à la violence en Irak et en Syrie, en soulignant l’envergure des problèmes humanitaires dans cette région, et en appelant la communauté internationale à agir.

«Des milliers de victimes ont déjà succombé aux violences en Syrie et en Irak, qui ont privé des millions de personnes de leurs maisons ou de moyens de subsistance. Nous appelons la communauté internationale à mettre fin à la violence et le terrorisme et, en même temps, contribuer par le dialogue au retour de la paix», ont estimé les chefs d’églises, tout en déplorant l'«exode massif des chrétiens de la terre d’où commença à se répandre notre foi et où ils vécurent depuis les temps apostoliques ensemble avec d’autres communautés religieuses».

Vendredi 12 février

«Nous nous rencontrons au bon moment», a dit le Patriarche à François.

Le patriarche de toutes les Russies a rencontré le pape, une première dans l’histoire qui se prépare depuis 20 ans et qui est à mettre au compte de Cyrille et de François.

«Aujourd’hui est un jour de grâce. La rencontre avec le Patriarche Cyrille est un don de Dieu. Priez pour nous», a tweeté le Pape François avant sa rencontre avec le Patriarche de toutes les Russies.

Le patriarche de l’église orthodoxe russe Cyrille a déposé une gerbe sur le monument du héros national cubain, José Marti.

La rencontre du dirigeant de l’Eglise orthodoxe russe et du pape François est un événement historique qui était attendu depuis le schisme d’il y a 1 000 ans, a déclaré le dirigeant du diocèse letton l’archevêque Zbignev Stankevitch. Selon lui, cette rencontre brisera la glace dans les relations entre les églises orthodoxe et catholique.

D’après les données de l’archevêque, la rencontre avec le patriarche Cyrille était le rêve du pape François. «Et je sais que le pape avait toujours une valise prête. Il n’attendait qu’un signal du patriarche pour le rencontrer. Il était prêt à tout abandonner pour le rencontrer. C’était un pas stratégique qu’on attendait depuis longtemps. Mais, bien sûr, la situation dans le monde, en particulier, en Europe, a constitué une stimulation additionnelle», a souligné Zbignev Stankevitch.

Pour sa première rencontre avec le pape François, le patriarche russe Cyrille portera ses vêtements ordinaux, qu’il utilise hors des messes, a rapporté son secrétaire de presse, le prêtre Alexandre Volkov. Les vêtements ordinaux du dirigeant de l’Eglise russe se composent d’une soutane noire et d’un capuchon blanc.

Le Saint-Siège envisage cette rencontre comme «un signe de bonne volonté» et a appelé tous les chrétiens à «prier Dieu pour qu’il bénisse la rencontre», a souligné le Vatican lors d’une déclaration faite début février.

Pour l’Eglise orthodoxe russe, cette rencontre constitue l’événement le plus marquant concernant ses relations extérieures depuis la réunification avec l’Eglise orthodoxe russe hors frontières en 2007, qui a mis terme à un schisme de 90 ans.