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En pleine crise sécuritaire, la Libye va -t-elle se passer d'un ministre de la Défense ?

Incapables de former un gouvernement d'unité nationale car ils butent sur le choix du futur ministre de la Défense, les deux gouvernemens libyens envisagent de laisser le poste vacant alors que la situation sécuritaire est pour le moins critique.

«C'est l'identité du futur ministre de la Défense qui retarde l'annonce du gouvernement», a indiqué à l'AFP une source du Conseil présidentiel.

Selon cette source, la solution pourrait être de maintenir ce poste vacant dans un souci de préserver le consensus.

Très inquiète de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, la communauté internationale, qui d'ailleurs n'exclut pas une nouvelle intervention militaire dans le pays, presse les gouvernements libyens à s'unir pour faire face au chaos et à la montée de l'Etat islamique. 

Le Conseil présidentiel, composé de neuf membres de factions libyennes rivales et dirigé par Fayez al-Sarraj, un homme d'affaires appelé à devenir le futur Premier ministre selon un accord parraîné par l'ONU, devait initialement proposer une liste de ministres le 10 février.

Face à l'ampleur des désaccords, le Conseil a obtenu un nouveau délai pour trouver un compromis : il a jusqu'à dimanche pour former un gouverment uni. Problème : les discussions, qui se tiennent à Skhirat, au Maroc, butent sur l'attribution du portefeuille de la Défense. «Les membres du Conseil tentent depuis des jours de se mettre d'accord sur une personnalité susceptible d'être acceptée par toutes les parties mais n'y sont pas parvenus», se désole une source au sein du Conseil présidentiel.

Un premier gouvernement de 32 ministres avait été rejeté le 25 janvier par le Parlement reconnu par la communauté internationale. Le portefeuille de la Défense avait initialement été confié à Al-Mahdi al-Barghathi, un colonel des forces armées loyales aux autorités reconnues internationalement.

Cependant, Ali al-Gatrani, membre du Conseil présidentiel et proche du général controversé Khalifa Haftar qui s'est imposé comme le commandant des forces des autorités reconnues basées dans l'est du pays, n'a pas voulu d'Al-Mahdi al-Barghathi, a indiqué à l'AFP la source au Conseil présidentiel. Le colonel Barghathi étant perçu comme un rival du général Haftar.

Pour le moment, il semblerait donc que seul l'éventualité d'un siège de ministre de la Défense vide fasse l'unanimité : «Il y a en ce moment un accord pour que le poste de la Défense reste vacant», a déclaré le 10 février à l'AFP, un des représentants libyens présents au Maroc pour négocier sous l'égide de l'ONU. Dans ce scénario, le Conseil présidentiel assurerait dans son ensemble la gestion de ce ministère. 

«Les membres du Conseil présidentiel doivent maintenant entériner cette proposition pour que le portefeuille [de la Défense] reste sous l'autorité du Conseil provisoirement pour une période de trois mois», a-t-il ajouté.