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L’extrême gauche berlinoise menace de tout casser si la police intervient à nouveau

Des activistes d’extrême gauche ont revendiqué dimanche des attaques sur des douzaines de véhicules de la capitale allemande. Ils ont averti qu’ils seraient responsables d’un million d’euros de dégât si la police s’en prenait à nouveau à eux.

Il ne faisait pas bon d’avoir garé sa voiture dans les rues de Berlin ce week-end. La police a rapporté que des dizaines d’individus masqués ont brûlé plusieurs véhicules dans les nuits de vendredi et samedi. Les faits se sont déroulés à proximité de Gleisdreieck park et des districts de Kreuzberg, Charlottenburg et Gesundbrunnen. Une revendication a été publiée dimanche sur le site d’extrême gauche Indymedia. De quoi étayer les soupçons du président de la fédération berlinoise du CDU, Frank Henkel. Il avait accusé les «ploucs d’extrême gauche» d’être derrière les dégradations. Aucune arrestation n’a eu lieu.

Plus de raids de police

Mais que réclament les casseurs ? «Avec la destruction de voitures d’un luxe excessif, celle d’une caméra de surveillance et de vitrines, nous nous sommes référés à l’appel de groupes autonomes, réalisé le 21 janvier, qui appelait à causer un million d’euros de dommages en réponse à n’importe quelle attaque sur un de nos projets à Berlin» expliquent les revendicateurs anonymes.

Frank Henkel a réagi avec vigueur : «Nous ne laisserons pas les rues à cette mafia d’extrême gauche.» Il a souligné que les services de sécurité internes, qui sont en charge des crimes politiques, enquêtent sur l’affaire.

La figure du parti d’Angela Merkel, qui est responsable de la politique sécuritaire de la capitale, a un contentieux de longue date avec les groupes radicaux d’extrême gauche. En novembre dernier, il avait décidé de leur déclarer la guerre en faisant du district de Friedrichshain «une zone dangereuse». Il se trouve que le quartier de l’est berlinois est un haut lieu des activistes. Beaucoup de ses immeubles sont occupés depuis la chute du Mur de Berlin en 1989. C’est la chasse gardée de l’extrême gauche et des groupes anarchistes de la capitale.

Une vaste opération policière au départ

La confrontation entre l’aile la plus radicale de la gauche berlinoise et Frank Henkel est montée d’un cran récemment. Le mois dernier, 500 officiers des forces de l'ordre ont conduit un raid contre un squat emblématique de la ville. Auparavant, un policier avait été roué de coup à l’extérieur à cause d’une histoire de ticket de parking…

A l’époque, un certain nombre d’activistes et de personnalités politiques avaient critiqué un emploi de la force qu’ils qualifiaient de démesuré. Difficile de ne pas voir un lien entre les événements du week-end dernier et cette descente de police.

Samedi, une manifestation s’est déroulée pour critiquer une soi-disant pression policière et la qualification en zone dangereuse du district de Friedrichshain. Elle était placée sous le titre : «Voisins rebelles, voisinages solidaires, la ville qui vient d’en bas».

Selon les militants d’extrême gauche, la municipalité souhaite les éliminer pour préparer la gentrification des quartiers qu’ils prétendent représenter : «Pour les gens comme Frank Henkel, Nordkiez est une zone qui doit être entièrement pacifiée ou un problème qui doit être réglé.»

Ils n’hésitent pas à prendre des accents grandiloquents pour expliquer leurs actions : «Pour ceux d’entre nous qui vivent, habitent et travaillent ici, Nordkiez est avant tout un lieu de résistance avec une longue histoire et des manières de vivre basées sur la collectivité et la solidarité.»

Lors du rassemblement, des bouteilles et des pierres ont été jetées sur les forces de l’ordre. Cinq policiers ont été blessés et deux personnes arrêtées.