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Julian Assange qualifie la décision de l’ONU de «victoire indéniable»

Selon la déclaration publiée sur le site officiel du groupe de travail de l'ONU, la détention du lanceur d'alerte Julian Assange a été reconnue illégale.

Vendredi 5 février

L’évolution de Julian Assange lors de son «séjour» à l’ambassade d’Equateur.

Lors de son discours depuis le balcon de l’ambassade d’Equateur, Julian Assange a salué la décision des Nations unies, la qualifiant de «victoire indéniable». Dans le même temps, il a souligné que le Royaume-Uni et la Suède ont perdu au plus haut niveau.

«Que c’est adorable ! », a proclamé Assange devant la foule brandissant une copie la décision rendue par le comité de l'ONU, qui appelle «les autorités suédoises et britanniques» à «mettre fin à sa détention». Selon lui, le jugement est «historique» non seulement pour lui et sa famille mais aussi pour l’indépendance de l’ONU.

«C’est une décision selon le droit international humanitaire qui combat le Royaume-Uni, la Suède et surtout les Etat-Unis», a-t-il précisé.

Le fondateur de WikiLeaks a signalé que l’ONU avait souligné que la décision du groupe spécial était «juridiquement contraignante», ce qui signifie que les tentatives de nier ce jugement par le secrétaire britannique des Affaires étrangères Philip Hammond n’étaient que des «mots».

Assange a aussi prévenu que si sa «détention illégale et immorale» continue malgré la décision, les responsables de cela en Grande-Bretagne et en Suède feront face à des poursuites criminelles.

Evoquant ses enfants, il dénoncé le fait qu’il n’a pas eu le droit pendant cinq années de les voir et a ajouté qu’«il est temps qu'ils retrouvent leur père. Cela arrivera, d'une manière ou d'une autre».

Julian Assange a terminé son discours en remerciant tout le monde à l’ONU, le peuple et le gouvernement de l’Equateur, tous ses partisans à travers le monde, ainsi que les «bonnes personnes» dans les gouvernements britannique, suédois et américain.

«La Suède et le Royaume-Uni sont obligés d’accepter cette décision. C'est une honte que ces deux pays défient l’autorité des Nations unies», a estimé Kristinn Hrafnsson, le porte-parole de WikiLeaks, dans une interview à RT.

«La Suède en particulier fait actuellement campagne pour obtenir un siège au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, tout en attaquant en même temps de manière aussi flagrante les droits de l’Homme. Je crois qu’elle ne mérite tout simplement pas ce siège», a dit le responsable.

«L’un des objectifs internationaux auxquels la Suède aspire est la lutte contre la détention arbitraire. Et pourtant elle participe à l’exercice de la détention arbitraire contre Julian Assange. C’est une hypocrisie à laquelle il faut mettre fin», a conclu Kristinn Hrafnsson.

«Il est temps que les deux gouvernements (britannique et suédois) corrigent leur erreur, qu'ils remettent en liberté Julian Assange, qu'ils cessent cette détention arbitraire et qu'en outre, ils réparent les dommages causés à cet homme», a déclaré le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patiño lors d’une conférence de presse.

La question de l’illégalité de la «détention» de Julian Assange est maintenant «prescrite en droit», a déclaré le journaliste lui-même devant les médias. Les commentaires de Philip Hammond qualifiant de «ridicule» la décision de l’ONU sur cette affaire ne sont pas dignes d’un ministre et visent la «consommation domestique», a-t-il estimé.

«Cela [les déclarations de Londres et Stockholm sur la décision de l’ONU sur Assange] ouvre la voie à ce que les dictatures rejettent les verdicts de l’ONU. Un précédent dangereux de la part du Royaume-Uni et de la Suède», a écrit Edward Snowden vendredi sur son compte Twitter.

«Le Royaume-Uni et la Suède avaient deux mois pour faire appel de la décision du groupe de l’ONU, mais ne l’ont pas fait», a souligné Julian Assange dans une conférence de presse.

«La juridiction qui a pris la décision a été créée avec la participation du Royaume-Uni et de la Suède au sein de l’ONU. On ne peut pas décider de reconnaitre une organisation, participer à ses procédures, répondre à ses demandes, et à la fin, lorsqu’il se trouve qu’ils ont violé la loi, déclarer ne pas reconnaître les résultats de leur enquête», a expliqué le journaliste.

Le rejet de la décision d’un organe international tel que l’ONU pourrait engendrer des conséquences significatives au niveau international, y compris aux droits de l’Homme dans le monde entier, a noté Julian Assange, alors que Londres et Stockholm ont refusé de reconnaitre le verdict du groupe de travail des Nations Unies sur sa détention jugée «arbitraire».

«La décision [du groupe de travail de l’ONU] dénonce le mythe selon lequel Julian Assange est en "fuite de justice" et peut tout simplement quitter l’ambassade», a estimé l’avocate du journaliste Jennifer Robinson, en qualifiant ce verdict de «victoire retentissante» pour le fondateur de WikiLeaks.

«Une détention, peu importe la raison, est toujours une détention. Julian a été victime d’actions et d’inactions du gouvernement suédois et britannique», a ajouté sa collègue Melinda Taylor, en rappelant que la détention illimité d’une personne est généralement considérée comme une «torture mentale».

«Depuis le début de sa réclusion à l’intérieur de l’ambassade d’Equateur à Londres, nous ne cessons d’affirmer que la procédure diligentée en Suède à propos de Julian Assange ne saurait être le prélude à une extradition vers les Etats-Unis», a déclaré le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire dans une déclaration officielle sur le site de l’organisation.

«Nous demandons clairement aux autorités britanniques et suédoises d’entendre le message très clair du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. (…) Nous demandons aux Etats-Unis que les droits dévolus par le Premier amendement de la Constitution bénéficient à Wikileaks et Assange. Il est crucial que des démocraties ne se déshonorent pas à porter atteinte aux principes qui les fondent», lit-on dans le document.

Un proche de Julian Assange a annoncé à RIA Novosti que le fondateur de WikiLeaks n’entend pas sortir de l’ambassade équatorienne dès aujourd’hui, car c’est pour l’instant «trop dangereux».

Plusieurs journalistes se sont rassemblés devant l'ambassade d'Equateur en prévision de la conférence de presse de Julian Assange.

Julian Assange donnera une conférence de presse à l'ambassade d'Equateur à 13h00 (heure française).

Le chef de la diplomatie du Royaume-Uni Philip Hammond a qualifié de «ridicule» et «déficiente» la décision du groupe de travail de l’ONU qui a jugé qu’Assange était sujet à une détention arbitraire. Ce dernier essaie, selon lui, «de fuir la justice», alors qu'il «peut en fait sortir à n'importe quel moment de l'ambassade équatorienne, où il sera pourtant immédiatement arrêté par la police britannique».

Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme affirme que le verdict du groupe de travail est «juridiquement contraignant». Dans une déclaration officielle, le commissariat souligne que la décision est fondée sur le droit international concernant les droits de l’homme, dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et engage Londres et Stockholm à le respecter.

Le gouvernement suédois a lui aussi rejeté les conclusions du groupe de travail de l’ONU.

«M. Assange a décidé volontairement de séjourner dans l’ambassade d’Equateur et les autorités suédoises n’ont pas de contrôle sur sa décision. (…) Le gouvernement refuse ainsi l’opinion du groupe de travail», lit-on dans le document diffusé sur Twitter.

«Le gouvernement britannique est obligé de respecter ses obligations internationales et les décisions de l’ONU», a estimé John Shipton, le père de Julian Assange, dans une interview à RT.

Le gouvernement britannique «rejette le verdict de l’ONU sur Julian Assange», a annoncé le Home Office dans une déclaration.

«Cela ne change rien. Le Royaume-Uni a déjà fait savoir à l’ONU qu’il entendait contester formellement l’opinion de son groupe de travail», lit-on dans le communiqué.

«Un mandat d’arrêt a été délivré, et nous sommes attachés à nos obligation à cet égard», continue le document.

L’ONU demande aux autorités suédoises et britanniques d’«assurer la sécurité et l'intégrité physique de Julian Assange» et de «faciliter l'exercice de sa liberté de déplacement le plus rapidement possible».

«Le groupe de travail estime également qu’il est urgent de mettre fin à la détention [de Julian Assange]», ont conclu les experts.

«Le groupe de travail a établi que M. Assange avait subi plusieurs formes de privation de liberté : détention à la prison de Wandsworth, suivie d'une détention à domicile et de sa réclusion dans l’ambassade d’Equateur», souligne le document, qui accuse, en particulier, le parquet suédois de «manque de diligence» ayant abouti à «la détention très prolongée de M. Assange».

Assange doit être indemnisé par les autorités suédoises et britanniques, a souligné le groupe de tavail de l'ONU dans son rapport.

«Le groupe de travail sur la détention arbitraire a conclu que M. Julian Assange avait été détenu arbitrairement par les gouvernements de Suède et du Royaume-Uni», lit-on dans la déclaration diffusée ce vendredi.

Les enquêteurs ont conclu que le fondateur de WikiLeaks était «en droit de profiter de sa liberté de déplacement et de percevoir des compensations».

Lire aussi : Pour Stockholm, Julian Assange a été détenu arbitrairement

Le fondateur du site WikiLeaks qui diffuse pour le grand public des documents officiels à caractère confidentiel, vit réfugié dans l’ambassade d’Equateur à Londres depuis juin 2012, après que Quito lui ait octroyé le droit d’asile. Un moyen d’éviter de répondre d’accusations de viol devant la justice suédoise, qu'il a pourtant toujours refutés.

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Julian Assange redoute que Stockholm ne profite de sa présence sur le territoire suédois pour l’extrader aux Etats-Unis où il pourrait écoper d’une peine de prison à perpétuité à cause de la publication de documents classifiés par WikiLeaks.

Malgré ses problèmes de santé (une lésion à l'épaule droite, une forte douleur au cœur et aux poumons), le gouvernement britannique ne lui garantit non plus l’immunité s’il quitte son asile pour se rendre chez un médecin.