International

Sergueï Lavrov promet de ne jamais oublier la complicité d’Ankara avec les terroristes

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a donné une interview au journal italien Limes. En abordant l’actualité, il a précisé que le monde commençait à comprendre qu’il était «impossible d’isoler Moscou et de limiter son influence régionale».

Sur les relations avec les Etats-Unis

«Il est évident que l’élan des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux à séparer les pays et les peuples selon le principe "les nôtres" et "les vôtres" n’aide pas à résoudre des problèmes existants mais aggrave les tensions dans les affaires internationales. La situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord le prouve». 

«Les Etats-Unis préfèrent mettre en avant leur caractère particulier pour conserver les restes de leur hégémonie dans le monde. Pour cette raison, on voit leur tendance à des actions unilatérales et leur envie de punir les pays avec lesquelles les Etats-Unis ont des différends. Nous proposons toujours de développer les relations bilatérales sur la base honnête de partenaires sans diktats ni contraintes. Quand les Etats-Unis ont décidé de diminuer leur coopération avec la Russie, bien avant la crise ukrainienne qui sert souvent de prétexte, nous les avons prévenus que cette ligne menait à une impasse. Maintenant, on dirait que Washington comprend enfin qu’isoler la Russie et limiter son influence régionale est impossible. […] On espère que l’approche américaine des relations avec la Russie changera et deviendra plus pragmatique et plus pondérée».

En savoir plus : les Américains croient à des choses que le Congrès trouve «terriblement radicales», d'après Bernie Sanders

Sur le comportement turc

«La Russie a déjà dit maintes fois ses inquiétudes concernant l’accroissement des menaces terroristes en Turquie et le fait que les autorités turques ne sont pas prêtes à coopérer dans la lutte contre le terrorisme. Malgré nos propositions, Ankara a refusé de coopérer quand il fallait remettre aux autorités russes les citoyens russes qui voulaient rejoindre des groupes terroristes et extrémistes de la région. Nous n’oublierons pas cette complicité avec les terroristes. Dans le même temps, nous ne mettons pas sur un pied d’égalité les personnes au pouvoir qui portent la responsabilité directe de la mort de nos militaires en Syrie et nos anciens amis fiables».

Sur la lutte contre Daesh

«Les efforts antiterroristes ont un caractère complexe, favorisent la stabilité publique et la réhabilitation politique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans le respect des pays et contre la radicalisation».

Sur les relations économiques avec la Chine

«Depuis 2010, la Chine reste le principal partenaire commercial. […] La coordination des actions de nos Etats à l’échelle mondiale est devenue un facteur important de stabilité internationale et régionale».

Sur la paix en Ukraine

«Il faut que les Ukrainiens, sur la base des accords de Minsk-2, se mettent eux-mêmes à chercher des variantes pour la résolution de leur problèmes et de leurs différends. Mais on ne peut le faire que s’il y a une volonté politique, ce dont l’Ukraine manque. Ainsi, le processus de règlement de la crise est freiné par le gouvernement de Kiev. Cette approche nuit aux efforts communs dans le cadre des rencontres au format Normandie».

Sur la Crimée

«Les tentatives de mettre en cause le choix des Criméens qui a été fait d’après les normes du droit international, sont absurdes. Je vous rappelle que beaucoup de pays européens ont trouvé possible de reconnaître l’indépendance du Kosovo, même s’il n’y a pas eu de référendum sur cette question».