Si BBC voit juste, le lanceur d’alerte Julian Assange pourrait dès demain, récupérer immédiatement son passeport et sortir de l’ambassade d'Equateur à Londres sans redouter d’être arrêté par la police britannique et extradé aux Etats-Unis.
Le site Wikileaks a aussi précisé que, quelle que soit la décision du groupe de travail de l’ONU, Julian Assange donnerait le 5 février à midi une conférence de presse pour la commenter.
Selon Reuters, le ministre des Affaires étrangères suédois a déclaré que Julian Assange était détenu arbitrairement.
«Le groupe de travail a décidé que Julian Assange était détenu arbitrairement en violation des obligations internationales», a précisé la porte-parole du ministère suédois des Affaires étrangères.
Néanmoins, le représentant de l’ONU a précisé dans une conversation téléphonique avec RT que la décision ne serait annoncée que demain et que jusqu’à présent, il ne s’agissait que de «spéculations».
Le porte-parole de WikiLeaks, Kristian Hrafnsson, a lui aussi répété la même idée. «Julian Assange ne dispose pas de la décision officielle du groupe de travail et ne l’aura pas avant demain matin. Mais j’espère que ce que nous avons entendu est vrai même si je ne peux pas le confirmer», a-t-il précisé.
«Le Royaume-Uni et la Suède sont deux Etats qui respectent l’ONU et qui travaillent d’après le droit international. Nous espérons que le Royaume-Uni suivra les prescriptions qui seront rendues demain par le groupe de travail», a déclaré son avocate Melinda Taylor.
Le parquet suédois a pour sa part déclaré que l'avis du groupe de travail de l'ONU affirmant que Julian Assange était victime d'une détention arbitraire était sans conséquence sur l'enquête pour viol en cours en Suède. Cet avis «n'a aucune incidence formelle sur l'enquête préliminaire en cours dans le cadre de la loi suédoise», a indiqué le parquet dans un communiqué.
Le parquet n'a pas fait plus de commentaires sur les aspects juridiques, rappelant seulement où en était la procédure, et précisant que la magistrate en charge de cette enquête n'avait pas encore eu «l'occasion de prendre une position vis-à-vis des derniers développements». «Il incombe au parquet, sur la base de ce que contient le dossier, d'examiner en permanence si un mandat d'arrêt doit être maintenu», a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, Julian Assange avait déjà déclaré avec fracas qu’il laisserait la police britannique l’interpeller si le groupe de travail de l'ONU rendait une décision qui lui était défavorable.
Reste que l'Equateur a assuré maintenir sa «protection» envers le fondateur de WikiLeaks. «C'est une décision personnelle. Nous lui avons donné une protection et bien sûr nous maintenons cette protection, les fondements sur lesquels nous lui avons accordé l'asile restent les mêmes», a déclaré à la presse le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patino.
Arrestation légale ou pas ?
Les autorités britanniques affirment disposer des bases légales et même de l'obligation légale d'arrêter et d’extrader Julian Assange.
«Julian Assange est toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt européen pour viol et le Royaume-Uni continue à avoir l'obligation légale de l'extrader vers la Suède», a souligné un porte-parole du gouvernement.
Néanmoins, le lanceur d’alerte a des raisons de ne pas y consentir.
Le site justice4assange.com a dressé une liste de faits recensés dans plusieurs documents officiels depuis le début de l'affaire Assange en 2012. Cette liste rappelle notamment que, d'une part, la Cour suprême du Royaume-Uni a déclaré que l'extradition d'Assange a été ordonnée malgré l'absence de charges et que, d'autre part, Julian Assange a été blanchi de toutes accusations de viol présumé par le tribunal de Stockholm qui a déclaré en 2010 qu'«aucune preuve d'infraction sexuelle» n'avait été établie.
En effet, Julian Assange a peur d'être extradé vers les Etats-Unis où il est également poursuivi pour des infractions qui pourraient lui valoir de très nombreuses années de prison.
En 2013, l'ancienne analyste du renseignement de l'armée américaine, Chelsea Manning (Bradley Manning, avant son changement de genre) a été condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis des documents top secrets à Wikileaks.
WikiLeaks, le site que Julian Assange avait fondé a diffusé 500 000 documents classés «secret défense» par le gouvernement américain sur l'Irak et l'Afghanistan, ainsi que 250 000 câbles diplomatiques issus de plusieurs chancelleries.