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Les néo-zélandais s'indignent contre la signature du controversé TPP (VIDEO)

Lors de la signature de l'Accord sur le partenariat transpacifique (TPP) à Auckland, des manifestations se sont déroulées dans le centre-ville. Aucune arrestation n'a été rapportée par la police qui a salué l'exemplarité des forces de l'ordre.

«Aujourd'hui est un jour important, pas seulement pour la Nouvelle-Zélande, mais aussi pour les 11 autres pays du partenariat transpacifique», a déclaré le Premier ministre néo-zélandais, John Key, maître de la cérémonie de signature à Auckland avec le représentant spécial américain au Commerce extérieur Michael Froman.

Des protestations dans le calme à Auckland

Dans le même temps, des milliers de manifestants ont afflué dans le centre-ville de la plus grande ville de Nouvelle-Zélande pour protester contre cet accord unanimement décrié par les anti-mondialistes. 

Le chef de la police d'Auckland, Richard Chambers, a déclaré devant les médias néo-zélandais que, malgré la tournure agitée qu'avaient prise les protestations, les policiers avaient procédé «de manière appropriée» pour éviter les violences «tout en respectant le droit des citoyens à se rassembler pour montrer leur désaccord». 

«La grande majorité de ces personnes ont été respectueuses de la loi et nous avons travaillé avec elles pour leur permettre d'exprimer leur désaccord», a précisé Richard Chambers. Il s'est néanmoins dit «déçu» que certains en aient profité pour perturber une manifestation pacifique, malgré le professionnalisme exceptionnel des forces de l'ordre.

Sur la toile, de nombreuses images ont témoigné de l'ambiance électrique mais bon enfant des protestations, des groupes de manifestants improvisant des Hakas, danses traditionnelles, en pleine rue. 

Signature

L'accord TPP, qui doit permettre de créer la plus vaste zone de libre-échange au monde, a été signé par les 12 pays partenaires : l'Australie, Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les Etats-Unis et le Vietnam.

Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié sous deux ans par les parlements nationaux et notamment par le Congrès américain, où il suscite une hostilité croissante, spécialement dans cette période de campagne présidentielle.

Le président américain, Barack Obama, a salué dans un communiqué publié à Washington la signature d'un accord qui «renforcera notre leadership à l'étranger et soutiendra les emplois ici aux Etats-Unis». Il a pressé le Congrès de ratifier ce texte «aussi rapidement que possible».

Le TPP, un accord très controversé

Très vaste, l'accord vise à fixer les règles du commerce et des investissements internationaux au XXIème siècle et compte, par exemple, pousser la Chine à adapter ses propres règles en matière de commerce, d'investissement et de droit commercial à celles que contient le TPP. Le TPP prévoit aussi une ouverture substantielle des marchés des produits agricoles pour le Canada, les Etats-Unis et le Japon, pour des produits tels que le sucre, le riz, le fromage ou encore le bœuf.

Il concerne aussi des secteurs comme l'échange de données et la propriété intellectuelle qui n'étaient pas couverts par les précédents accords multilatéraux.

Pour les détracteurs du TPP, cet accord générerait, selon des études effectuées par le «Global Development and Environment Institute» (GDAE) des pertes nettes de PIB dans de nombreux pays, notamment aux Etats-Unis et au Japon où le PIB devrait baisser respectivement de 0,54% et 0,12% 10 ans après l'entrée en vigueur de l'accord.  

Par ailleurs, les gains économiques seraient négligeables pour les autres pays ayant ratifié l'accord : moins de 1% sur dix ans pour les pays développés et moins de 3% pour les pays émergeants. 

Le TPP entraînerait également des pertes d'emploi dans tous les pays : au total, 771 000 emplois pourraient être détruits. Les Etats-Unis seraient le pays le plus durement touché, avec une perte de 448 000 emplois. Les économies émergeantes impliquées dans cet accord subiraient également des pertes d'emplois, d'autant plus que les pressions concurrentielles obligeraient les entreprises à limiter les salaires, tout en augmentant la production pour doper les exportations.