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Un responsable de l'ONU demande à la Turquie d'enquêter sur la fusillade de Cizre

Zeid Ra’ad al-Hussein a pressé la Turquie d’ouvrir une enquête sur les tirs de l’armée sur des civils dans le sud-est du pays peuplé majoritairement par des Kurdes et s’est inquiété de la répression visant les critiques du gouvernement.

Zeid Ra’ad al-Hussein, haut-commissaire des droits de l’homme aux Nations unies, a déclaré que les autorités turques devaient ouvrir une enquête indépendante concernant la fusillade qui s'est produite dans la ville de Cizre.

Les évènements ont été capturés par ce que le haut-commissaire a qualifié de film «extrêmement choquant» tourné par un journaliste turc, montrant un groupe de personnes, dont certaines tiennent des drapeaux blancs, se faire tirer dessus alors qu’elles poussent un chariot contenant des cadavres.

Deux personnes auraient été tuées et neuf autres blessées dans l’épisode qui s’est déroulé il y a une dizaine de jours. Parmi les blessés se trouve le journaliste qui a filmé la fusillade, Refik Tekin. Le bureau du procureur local a émis un mandat d’arrêt visant Refik Tekin, clamant qu’il était membre d’une organisation terroriste.

Le gouvernement turc a sévèrement limité la liberté de travail des journalistes dans le sud-est du pays et en a arrêté plusieurs parmi ceux qui avaient couvert les affrontements entre le gouvernement et les militants kurdes. Zeid Ra’ad al-Hussein a reconnu les «difficultés majeures» auxquelles la Turquie doit faire face dans cette région, où les forces de sécurité sont engagées dans des opérations contre les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mais il a aussi attiré l’attention sur la dégradation du respect des droits de l’homme dans la zone et a souligné le fait que «si des agents de l’Etat commettent des violations des droits de l’homme, ils doivent être poursuivis».

La possibilité que Refik Tekin soit mis en détention et traduit en justice ne fait qu’aggraver «les inquiétudes déjà considérables» du haut-commissaire concernant la façon dont les autorités turques traitent les journalistes. «Filmer une atrocité n’est pas un crime, mais tirer sur des civils désarmés l’est certainement», a-t-il affirmé.

Le nombre croissant de journalistes condamnés à des peines «extraordinairement sévères», comme la prison à vie, déjà prononcées contre deux rédacteurs en chef de journaux, mettent en doute la sincérité de l’adhésion du pays aux conventions des droits de l’homme, le responsable onusien.

«Une façon rapide de montrer que la Turquie respecte pleinement ces droits serait de libérer tout le monde», a-t-il observé, ajoutant : «Que ce soient des journalistes, des universitaires ou des défenseurs des droits de l’homme, qui sont détenus ou poursuivis justement pour avoir simplement enregistré ou critiqué les actions de l’Etat».