International

Matteo Renzi s’en prend au couple franco-allemand

Le chef du gouvernement italien s’est exprimé à la veille d’une visite à Berlin. Il a critiqué la domination de l’Allemagne et de la France concernant les décisions prises au sein de l’Union européenne. En particulier sur la question des réfugiés.

Moteur du projet européen depuis sa création, la domination berlino-parisienne au coeur du pouvoir bruxellois commence à agacer du côté de la Péninsule. Si Matteo Renzi dit tenir la chancelière Angela Merkel en haute estime, il appelle à ce que son pays ainsi que les autres nations composant l’Union européenne jouent un plus grand rôle.

Une autre stratégie

Alors qu’il répondait aux questions du Frankfurter Allgemeine Zeitung, Matteo Renzi s’est plaint que la plupart des initiatives européennes débutent par un sommet franco-allemand. «Bien sûr, cela serait merveilleux si Angela Merkel et François Hollande étaient capables de résoudre tous les problèmes. Mais la plupart du temps, ce n’est pas ce qu’il se passe» a expliqué le locataire du Palais Chigi.

Il s’est notamment attardé sur la crise migratoire : «Si nous cherchons à mettre en place une stratégie européenne cohérente sur le problème des réfugiés, il ne suffit pas qu’Angela Merkel appelle François Hollande puis le président de la Commission, Jean-Claude Juncker et qu’ensuite, je doive lire les résultats des pourparlers dans la presse.»

Dans ce dossier, l’Italie est en première ligne. Au même titre que la Grèce, la position géographique du pays en fait une porte d’accès à l’Europe pour les migrants. Selon le chef du gouvernement transalpin, cette crise «est un problème d’époque pour lequel il n’existe pas de solution facile».

«Nous faisons notre part du travail en secourant, presque chaque jour, des enfants sur des embarcations chavirées en Méditerranée» a-t-il souligné tout en appelant à la fin des règles européennes qui obligent les réfugiés à demander l’asile dans le premier pays qu’ils atteignent.

Changement de statut

Angela Merkel accueillera vendredi son homologue italien pour un déjeuner de travail. Selon la chancellerie, crise migratoire, situation internationale et problèmes européens seront au menu.

Les critiques de Matteo Renzi ne sont pas étrangères à son sentiment d’arriver en position de force. Depuis son accession au pouvoir en 2014, il concentre sa politique sur la baisse des déficits au prix de terribles efforts qui touchent son peuple au porte-monnaie. «L’Italie n’est plus un problème pour l’Europe» s’est-il félicité tout en assurant «avoir faim de nouvelles réformes».

Il a fait part de ce qu’il pense être son nouveau statut : «Maintenant je peux aller rendre compte des progrès de l’Italie à Berlin. Aujourd’hui, je peux exprimer mes désaccords d’une position différente. Même si les points d’accords sont largement plus nombreux.»

Reste à voir s’il se servira de cette «nouvelle position» pour multiplier les critiques envers l’Allemagne et Bruxelles. Ce qu’il ne s’est pas privé de faire à plusieurs reprises ces derniers mois sur des sujets allant de la domination allemande, aux questions de budget en passant par la politique énergétique.