Ce rassemblement était le premier depuis l’interdiction de la manifestation par la police la semaine dernière en raison des menaces proférées contre la vie de Lutz Bachmann, l’ancien leader du mouvement des Patriotes Européens contre l’Islamisation de l’Occident (PEGIDA) et organisateur de ce rassemblement. Lutz Bachmann a démissionné après qu’une photo de lui déguisé en Adolf Hitler ait été publiée sur Facebook, ce qui avait provoqué l’indignation de la population et des médias.
La police de Dresde a déclaré que 17 000 personnes environ étaient descendues dans les rues de la ville. La plus grande marche de PEGIDA avait attiré 25 000 le 21 janvier 2015, après les attaques islamistes de Paris.
Les manifestants agitaient des pancartes avec les slogans tels que « Ils ne font rien, ils arrivent ici et dealent », « Pour un pays souverain », « Les gens honnêtes se lèvent enfin » et « Merci PEGIDA ». Le slogan « Nous sommes le peuple » utilisé par ce mouvement irrite les milieux politiques allemands car il jouit d’une connotation très positive en relation avec les manifestations spontanées qui se sont produites juste avant la chute du mur de Berlin. Les critiques disent que PEGIDA essaie de récupérer ce sentiment.
Lors de la marche des militants, une contre-manifestation plus modeste, de 5000 personnes environ, s’est formée non loin près de la cathédrale. Les autorités municipales ont rapporté que des heurts avaient eu lieu entre les deux groupes.
Selon PEGIDA, la date du rassemblement a été modifiée pour éviter un affrontement lors du concert contre la xénophobie intitulé « Ouverte et colorée – Dresde pour tous » qui aura lieu lundi, jour habituel de la manifestation dans le centre de la ville. Mais d’autres événements financés par PEGIDA devraient avoir lieu lundi, ailleurs en Allemagne et dans d’autres pays européens.
De petits rassemblements soutenant les thèses du mouvement ont eu lieu en Norvège et au Danemark la semaine dernière tandis qu’en Belgique, la ville d’Anvers a interdit une manifestation, officiellement pour des raisons de sécurité.
Quelques heures avant le début de la manifestation contre l’islam à Dresde, Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, a qualifié ce groupe de xénophobe dans une interview.
« En Allemagne, nous sous-estimons le mal fait par les slogans xénophobes et racistes de PEGIDA », a déclaré le ministre au quotidien Bild. « Qu’on le veuille ou non, le monde regarde l’Allemagne avec une grande attention », a ajouté Frank-Walter Steinmeier. Et à cause de cette attention, il a précisé qu’il était « d’autant plus important de dire clairement et fermement que PEGIDA ne parle pas du nom de l’Allemagne ».
Le diplomate allemand a critiqué PEGIDA pour son choix de cibles faciles, comme les immigrés, au lieu de chercher des solutions aux grands problèmes tels que le vieillissement de la population allemande ou le manque d’infrastructures.
PEGIDA insiste sur le fait que sa dimension raciste est souvent exagérée et qu’il ne cible pas tous les musulmans ou tous les immigrés mais seulement ceux qui ne veulent pas s’intégrer, qui vivent de l’aide sociale et qui adhèrent à une idéologie radicale.