Le porte-parole de l'armée de l'est de la Libye, Mohammed Hegazy, a accusé le chef suprême des armées d'avoir déposé de l'argent sur des comptes bancaires appartenant à ses fils dans des pays voisins. Le général Khalifa Haftar tenterait également de retarder depuis des mois la victoire des troupes loyalistes à Benghazi, à l'est du pays, dont une partie de la ville est sous le contrôle de groupes radicaux.
Lors d'une interview à la télévision libyenne, le représentant de l'armée en colère a évoqué des actes de trahison de son supérieur hiérarchique. Il aurait vendu des armes à des groupes concurrents, notamment Ansar al-Charia, la branche d'Al-Qaïda en Libye, rapporte Associated Press.
Saqr al-Joroushi, un assistant du chef d'Etat major incriminé, a nié ces allégations. Il a indiqué que les fils du général Haftar ont été chargés par leur père d'acheter des armes. Toute vente illégale d'armes à des milices rebelles est fortement punie au sein de l'armée de l'est, a-t-il ajouté. Saqr al-Joroushi a regretté que Mohammed Hegazy ne soit pas allé voir un procureur plutôt que de proférer ces accusations en public.
Le général Haftar lance «l'Opération dignité» contre les «terroristes» en 2014
Le parlement de Tobrouk qui contrôle l'est de la Libye a annoncé avoir lancé une enquête. Le général Khalifa Haftar est bien connu en Libye. Il a servi au sein de l'armée de Mouammar Kadhafi avant de passer à l'opposition à la fin des années 80. Il aurait été alors «retourné» par les américains pour se battre contre l'ancien Guide suprême. A sa chute, il rejoint l'opposition.
Il apparaît sur le devant de la scène en 2014 en lançant à la tête de ses milices «l'Opération dignité», destinée à combattre les islamistes de tout bord, y compris les Frères musulmans, désignés comme terroristes. Il devient ensuite le chef d'Etat major des armées de l'est. Il est fortement contesté et particulièrement détesté par les membres du parlement de Tripoli, concurrent de celui de Tobrouk qui lui est reconnu par la communauté internationale.
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Le gouvernement d'unité nationale pas encore approuvé par le parlement de l'est
Ces nouvelles tensions apparaissent à un moment critique pour la Libye qui est sur le point de former le gouvernement d'union nationale espéré depuis plusieurs mois. Mardi dernier, les factions libyennes rivales réunies dans la capitale tunisienne, Tunis, ont annoncé avoir conclu un accord de principe. Il détail l'organigramme du nouvel exécutif qui doit être formé avec la participation des différents protagonistes. Il n'a néanmoins pas encore été approuvé par le parlement de Tobrouk, à l'est.
Des représentants du pouvoir de l'est de la Libye et du parlement de Tripoli dominé par les milices d'Aube de la Libye avait précédemment déclaré rejeter ce gouvernement d'unité mis en place sous la médiation des Nations unies.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 après l'intervention occidentale menée par la France et le Royaume-Uni, la Libye est en proie à une guerre civile destructrice. L'organisation de l'Etat islamique a également profité du chaos ambiant pour installer de solide bastion dans l'ouest et le sud du pays, notamment dans la ville de Syrte.
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