« Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur la toute, toute petite audience de RT aux Etats-Unis pour comprendre ce qui se passe quand on diffuse des contre-vérités dans un espace médiatique qui est rempli d’opinions dynamiques et véridiques », a dit Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’Etat américaine en charge de la politique de Washington en Europe de l’Est au cours d’une séance de questions-réponses au Brookings Institute.
Lors d’une rencontre qui a été consacrée presque uniquement au conflit armé en Ukraine, elle a aussi accusé RT et les autres médias russes de diffuser « des mensonges sur les responsables de la violence » dans la région. Interrogée sur la question de savoir s’il fallait interdire RT America, une chaîne dédiée au public américain mais dont le siège est à Moscou, Victoria Nuland a répété que cela n’était pas nécessaire.
« Nous croyons à la liberté d’expression, à liberté des médias dans notre pays. La question que nous posons aux Russes, c’est pourquoi avez-vous si peur de la diversité des opinions dans votre propre pays ? », a-t-elle demandé à l’auditoire plutôt réceptif de ce think tank, à Washington.
Cependant, interdire RT au prétexte qu’il s’agit d’une chaîne non pertinente est une tactique trop ancienne qui a été rejetée par les hauts fonctionnaires américains. L’analyse des résultats d’audience montre que RT continue de croître.
Une enquête conduite dans les sept plus grandes villes des Etats-Unis a montré que RT était la chaîne internationale la plus regardée, dépassant de loin CNNInternational, BBC World News, Al Jazeera America et Euronews. En une année, son audience hebdomadaire a doublé pour atteindre trois millions de téléspectateurs.
La présence de RT sur Internet est encore plus importante. Toutes ses chaînes YouTube ont été les premières chaînes médias qui ont atteint le 1 milliard de vues, puis les 2 milliards en décembre 2014. La page Facebook de RT compte plus de 2,3 millions de like, alors que les pages de RT.com sont vues des dizaines de millions de fois tous les mois.
John Kerry, l’actuel secrétaire d’Etat américain et son prédécesseur, Hillary Clinton, ont qualifié RT de menace pour l’espace médiatique des Etats-Unis. John Kerry a dit que c’était un « porte-voix propagandiste » du Kremlin en ce qui concerne la situation en Ukraine.
En 2011, Hillary Clinton avait déclaré que les Etats-Unis étaient en train de perdre la guerre médiatique contre des médias comme RT, signalant au passage qu’il existait une véritable guerre de l’information.
Mais la réaction la plus dure est venue du chef du Broadcasting Board of Governors (BBG), Andrew Lack. Le chef de l’agence fédérale, qui est notamment responsable de Voice of America et de Radio Free Europe, a fait figurer RT parmi les organisations terroristes parce qu’elle se fait l’écho d’opinions que les Etats-Unis trouvent inacceptables.
« Nous faisons face à un nombre de défis de la part d’entités comme Russia Today qui fait avancer son point de vue, l’Etat Islamique au Moyen-Orient et des groupes comme Boko Haram », a-t-il confié au New York Times, ce qui a provoqué une tempête de critiques de la part des journalistes dans le monde entier.