L’Arabie saoudite a exécuté le Cheikh Nimr Baqer al-Nimr, éminent imam chiite, le 2 janvier dernier. Il figurait parmi les 47 personnes condamnées à mort après avoir été reconnues coupables d’infractions terroristes par le ministère saoudien de l’Intérieur. Nimr Baqer al-Nimr était partisan des manifestations massives antigouvernementales qui ont secoué la province de l’Est en 2011, lors desquelles la majorité chiite se plaignait d’être marginalisée.
Son fils Mohammed Nimr Al-Nimr a accordé une interview à RT dans laquelle il a raconté ce que son père avait enduré avant d’être exécuté. Le Cheikh a passé plusieurs mois dans une prison saoudienne. Il a été arrêté alors qu’il conduisait sa voiture. Les policiers ont organisé une vraie poursuite, d’après les dires de Mohammed. «Ils l’ont suivi, ont heurté sa voiture par l’arrière et cette dernière s’est encastrée dans un mur, puis ils se sont approchés de sa voiture et l'ont sorti», a expliqué le jeune homme. On peut imaginer la force avec laquelle les policiers l’ont saisi. La ceinture de Nimr Baqer al-Nimr qui était pourtant bouclée est venue avec lui !
Puis les policiers saoudiens ont tiré à bout portant quatre balles dans la jambe gauche du Cheikh qui n’était pas armé. Ces tirs ont cassé son fémur. Emmené à l’hôpital, Nimr Baqer al-Nimr n’a pas reçu les soins adéquats, estime encore son fils. Le Cheikh a été véritablement torturé. «Il était attaché avec six chaînes à son lit, bien qu’il ne puisse pas marcher. Ils n’ont pas sorti toutes les balles, ils en ont laissé une intentionnellement pour qu’elle reste dans sa hanche et le dérange tout le temps. Il ne pouvait pas dormir. Cela a duré trois semaines», a raconté son fils.
De plus, les médecins ne lui ont pas donné de médicaments analgésiques, pense Mohammed. L’imam n’a pas pu dormir pendant une année. «Il s’évanouissait de douleur et se réveillait à cause de la douleur», a déclaré le jeune homme.
La famille du cheikh essaie à l’heure actuelle de récupérer la dépouille du parent défunt, ce qui n’est pas chose aisée actuellement. Ses proches ne savent pas ce que l’Arabie saoudite a fait de son corps ni pourquoi les autorités saoudiennes le cachent. «Nous essayons de l’enterrer proprement. Sa sœur, sa mère, ses frères veulent lui dire adieu», a confié Mohammed.