Le journal Marianne révèle ce jeudi que près de la moitié du paiement des honoraires du cabinet du designer Alberto Pinto, soit 1,9 millions sur les 4,3 millions d'euros, aurait été payé sur un compte suisse avec la bienveillance supposée de la monarchie du Qatar. L'argent a ainsi pu échapper au fisc français.
Le paiement de la facture du yacht Katara est divisé en 12 règlements de 100 à 500 000 euros, entre janvier 2007 et mai 2010. Dès juillet 2007, alors que les premiers règlements étaient virés sur deux compte français, un à la banque Martin Maurel, l'autre au Crédit agricole, un troisième compte apparaît au sein de l’antenne suisse de la banque privée Edmond de Rothschild, à Genève, sur volonté du cabinet.
Ce bureau d’architecture intérieure a facturé pour 9 millions de travaux dans le Katara, un gigantesque yacht de 124 mètres de long, de 19,5 mètres de large et de 7 922 tonnes, parmi les 15 plus grands du monde.
Un yacht à 312 millions d'euros hors taxes
Le contrat entre le cabinet d'architecte et le chef du protocole qatari de l’époque, Cheikh Mohammad bin Fahd, est signé en décembre 2006 sous l'égide de la FPM (French Properties Management), la structure chargée de gérer les opérations privées et commerciales du Qatar en France.
Selon des documents transmis à la justice, dont Marianne a eu copie, l'ex-employé de FPM à l'origine de l'alerte a indiqué que la directrice de ce fonds aurait donné des consignes très strictes concernant la non divulgation des informations sur l'existence de ce compte suisse.
Commandé par le septième émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani, en 2 000, le yacht Katara sera livré en août 2010 pour la somme de 312 millions d'euros hors taxes.
C'est par le fonds privé Mayapan BV domicilié à Amsterdam, aux Pays-Bas, et dont la FPM est une filiale, que l’ancien chef d’Etat s'est procuré de multiples propriétés en France, notamment des immeubles de la place Vendôme et de l’avenue Foch, le château de Marly-le-Roi, dans les Yvelines, et notamment le domaine de Fayence, dans le Var.