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Israël mise 110 milliards de dollars sur l’autonomie militaire, au risque de l’économie et de l’escalade

Israël prévoit d’investir 110 milliards de dollars pour renforcer son autonomie militaire. Cette stratégie vise à réduire la dépendance aux États-Unis, révélée par les conflits récents. Elle suscite de fortes inquiétudes économiques et alimente une logique d’escalade régionale.

C’est, selon Benjamin Netanyahou, « le prix de l’indépendance » : 350 milliards de shekels, soit environ 110 milliards de dollars, investis sur dix ans pour bâtir une industrie d’armement israélienne capable de se suffire à elle-même. Depuis une base aérienne, le Premier ministre a assumé une ambition claire : réduire drastiquement la dépendance d’Israël à ses alliés, y compris les États-Unis.

« Nous voulons que nos armements soient fabriqués autant que possible en Israël même (…) même vis-à-vis de nos amis », a-t-il martelé, dans un contexte de guerre prolongée à Gaza, d’affrontements avec le Hezbollah, et après la « guerre de 12 jours » contre l’Iran en juin dernier.

Derrière cette rhétorique d’autonomie se cache un constat plus brutal : la vulnérabilité logistique d’Israël. Depuis des décennies, l’État hébreu est le premier bénéficiaire de l’aide militaire américaine. En 2025, Washington lui a encore accordé au moins 3,3 milliards de dollars de financements militaires.

Se passer à terme des États-Unis ?

Obus, missiles, bombes guidées ou appui en renseignement : l’essentiel des offensives israéliennes repose sur des équipements fournis en flux tendu par les États-Unis. Cette dépendance a éclaté au grand jour lors de l’offensive contre l’Iran. Lorsque Donald Trump a décidé d’y mettre fin, l’arrêt immédiat des livraisons et du soutien américain a contraint Benyamin Netanyahou à obtempérer, révélant une autonomie militaire limitée à quelques jours.

L’annonce d’un effort sans précédent — 16 % du budget de l’État consacrés à la défense dès 2026, soit 35 milliards de dollars — soulève aussi de lourdes interrogations économiques. Israël a-t-il les moyens de transformer durablement son économie en économie de guerre ?

Le risque est majeur : une dépendance accrue aux exportations d’armes, une vulnérabilité face aux fluctuations du marché et un affaiblissement du tissu économique civil. Dans un contexte marqué par une guerre dévastatrice à Gaza, des frappes au Liban et une occupation toujours dénoncée par le droit international, cette course à l’armement apparaît moins comme une garantie de sécurité que comme une fuite en avant stratégique et politique.