« Sensible mais non confidentiel ». C’est sous cette mention qu’a été présenté le « Project Sunrise », un document de travail de 32 diapositives révélé par le Wall Street Journal, au sous-titre explicite : « Construire une Gaza nouvelle et unifiée ».
Alors que les blocages persistent pour passer à la deuxième phase du plan Trump pour l’après-guerre, le Hamas refusant toujours un désarmement complet et Israël rechignant à poursuivre son retrait, l’administration américaine tente d’imprimer son tempo.
Encore à l’état de brouillon, « sujet à révisions », ce projet remet au premier plan l’ambition affichée par Donald Trump dès février dernier : transformer la bande de Gaza en une « Riviera régionale ». Une idée qui avait suscité une vive polémique, tant elle semblait ignorer le sort des plus de deux millions de Palestiniens vivant dans l’enclave, voire suggérer leur déplacement.
112 milliards de dollars
De fait, le document ne dit presque rien du devenir de la population locale. Il détaille en revanche une vision largement portée par des investisseurs : stations balnéaires de luxe, immeubles ultramodernes, train à grande vitesse, réseaux énergétiques optimisés par l’intelligence artificielle.
Le projet aurait été conçu en quarante-cinq jours par des proches du président américain, dont son envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et son gendre Jared Kushner, à la tête d’un fonds d’investissement soutenu par des capitaux du Golfe. Estimé à 112 milliards de dollars sur dix ans, Sunrise reposerait sur une combinaison d’aides internationales, de dette et de contributions publiques, avec des retours sur investissement attendus à long terme.
Mais entre vision et réalité, les obstacles sont immenses. Les combats se poursuivent, le désarmement du Hamas reste incertain et l’enclave est en grande partie détruite. Déblaiement de millions de tonnes de gravats, munitions non explosées, tunnels à neutraliser, crise humanitaire persistante : avant toute Riviera, Gaza doit d’abord redevenir habitable. Une équation politique, sécuritaire et humaine que le projet peine à résoudre.