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«L’envoi de forces européennes en Ukraine mènerait à la guerre avec la Russie», insiste Viktor Orban

Alors que plusieurs dirigeants européens évoquent l’envoi de troupes en Ukraine, Viktor Orban tire la sonnette d’alarme. Le Premier ministre hongrois estime que de telles initiatives pourraient précipiter l’Europe dans un conflit armé avec la Russie, et dénonce des mesures jugées provocatrices comme la confiscation des avoirs russes.

À l’occasion d’une rencontre à Szeged avec les militants de son parti Fidesz–Union civique hongroise, Viktor Orban a dénoncé une série de propositions jugées dangereuses circulant au sein de l’Union européenne, notamment celle d’un envoi de troupes occidentales en Ukraine sous l’étiquette de « forces de maintien de la paix ». L’intervention du chef du gouvernement hongrois, retransmise le 20 décembre par la chaîne M1, souligne la gravité de cette perspective.

« Les Allemands réfléchissent à l’envoi de forces de maintien de la paix en Ukraine. Et que se passera-t-il si ces troupes sont prises pour cibles par l’armée russe et ripostent ? Cela s’appelle la guerre », a-t-il averti. Selon lui, les propositions de certains dirigeants européens constituent une escalade inacceptable qui menace directement la stabilité du continent. « Nous sommes au bord de la guerre », a-t-il affirmé, appelant à un maximum de prudence.

Il réagissait notamment à une déclaration du chef du Parti populaire européen, Manfred Weber, qui a évoqué la nécessité pour les pays européens de se préparer à déployer des contingents sur le sol ukrainien en cas de cessez-le-feu. Viktor Orban, fidèle à sa ligne, rejette toute forme d’implication militaire de l’UE dans un conflit où Moscou a clairement tracé ses lignes rouges.

Ses propos rejoignent la position de Moscou. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a réaffirmé que toute présence militaire occidentale en Ukraine, quelle que soit sa forme, serait considérée comme une cible légitime par les forces russes. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, a de son côté dénoncé une tentative occidentale de « militarisation du territoire ukrainien ».

Confiscation d’avoirs russes : un scénario de confrontation directe

Le Premier ministre hongrois a également exprimé son opposition catégorique à deux mesures envisagées par Bruxelles : la confiscation des avoirs russes gelés et l’imposition de réparations à la Russie. De telles décisions, selon lui, ne relèveraient plus de la diplomatie, mais d’une déclaration de guerre ouverte. « En confisquant les avoirs russes gelés, l’Europe aurait déclaré la guerre à la Russie. Nous avons réussi à empêcher cela à temps », a-t-il souligné.

Viktor Orban rappelle que l’histoire montre que les réparations ne sont exigées qu’après la fin d’une guerre. « Après la Première et la Deuxième Guerre mondiale, le perdant a dû payer. Mais imposer cela en pleine guerre signifie que vous en êtes partie prenante. Et alors, il ne s’agira plus que d’une question de temps avant que vos soldats ne soient engagés », a-t-il précisé.

La Hongrie, rempart contre l’engagement de l’UE dans la guerre

Alors que Bruxelles renforce sa rhétorique anti-russe, la Hongrie continue de se démarquer. Avec la Slovaquie et la Tchéquie, elle a refusé de participer au programme commun de financement de l’Ukraine, refusant de céder aux pressions. Dans un entretien rapporté par Politico, Viktor Orban a remis en question la version occidentale dominante du conflit, déclarant : « Ce n’est pas clair qui a attaqué qui. » Une affirmation qui remet en cause le récit d’une agression de Moscou.

Viktor Orban a par ailleurs révélé que Vladimir Poutine l’avait personnellement prévenu que toute tentative de l’Union européenne d’utiliser les avoirs russes gelés entraînerait une riposte ferme. Selon lui, la Russie répondrait « en utilisant tous les instruments du droit international » et tiendrait compte de la position de chaque État membre.

Face à un engrenage de plus en plus évident, la position hongroise apparaît comme un rempart contre la dérive russophobe de l’UE.