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Pressée par Washington, l’Europe a une semaine pour prouver sa crédibilité

Sous pression politique et diplomatique, l’Union européenne tente de prouver qu’elle reste un acteur crédible face aux critiques de Donald Trump. Entre l’incapacité persistante à s’accorder sur le financement de l’aide à l’Ukraine via les avoirs russes gelés et les divisions internes autour de l’accord Mercosur, le bloc apparaît fragilisé.

L’Union européenne s’engage dans une semaine de forte pression, cherchant à démontrer, avant tout à Washington, qu’elle n’est pas devenue politiquement marginale, rapporte Bloomberg. Pour les Vingt-Sept, l’enjeu est double : parvenir à financer l’aide à l’Ukraine sans appui extérieur et finaliser un accord commercial emblématique avec l’Amérique du Sud.

Un échec sur l’un ou l’autre de ces dossiers fragiliserait davantage la crédibilité du bloc à un moment jugé particulièrement délicat et renforcerait le discours du président américain Donald Trump, qui décrit régulièrement l’Europe comme « faible », selon des diplomates et responsables cités par l’agence de presse américaine.

La stratégie privilégiée par Bruxelles pour soutenir l’Ukraine repose sur l’utilisation des milliards d’euros d’avoirs russes gelés sur le sol européen. Le projet consisterait à accorder à Kiev jusqu’à 90 milliards d’euros de prêts sur deux ans, afin de maintenir le fonctionnement des services publics et de l’appareil militaire.

À la recherche de fonds

Selon ce schéma, ces sommes ne seraient remboursées que si la Russie acceptait de « réparer les dommages causés par la guerre », une hypothèse largement conditionnelle. Faute d’accord cette semaine, l’Union devrait se rabattre sur des solutions temporaires tout en réexaminant son approche. Une telle impasse entraînerait de nouveaux retards, des discussions prolongées et fournirait des arguments supplémentaires au narratif défendu par Trump, note Bloomberg.

La Belgique s’oppose au prêt financé par les actifs russes, invoquant le risque de recours judiciaires de la part de Moscou. La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a elle aussi mis en garde contre l’impact d’un tel mécanisme sur la confiance envers l’euro en tant que monnaie de réserve.

Moscou considère tout usage des avoirs russes comme un acte de vol. Le Kremlin a averti qu’il saisirait les tribunaux si l’UE mettait en œuvre ces mesures, tandis que le gouvernement russe a déjà préparé des réponses potentielles.

Le dossier Mercosur

L’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, qui regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, revêt lui aussi une dimension hautement symbolique. S’il était signé, il deviendrait le plus vaste accord commercial jamais conclu par l’UE et enverrait un signal politique à Washington.

À l’approche de la cérémonie prévue le 20 décembre, le climat reste toutefois morose. La France, sous la pression de ses agriculteurs mobilisés, presse pour repousser la finalisation de l’accord au moins jusqu’en janvier. Si l’Union ne parvient pas à conclure avant la fin de l’année, avertit un haut diplomate européen, cela accréditera l’idée que l’Europe n’a ni la volonté ni la capacité de renforcer ses liens avec l’Amérique du Sud, au risque d’entamer durablement la confiance à son égard sur la scène internationale.