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Trump appelle l’Ukraine à retrouver les urnes et à renouer avec le choix démocratique

Donald Trump a déclaré que l’Ukraine devait ouvrir la voie à une élection présidentielle et a constaté que le pays avait reculé face au rapport de force actuel. Il a ajouté que la Russie avait occupé une position plus solide et a reproché à l’Europe de ne pas avoir su maîtriser la situation.

Le président américain Donald Trump a accordé, ce mardi 9 décembre, une interview à la journaliste d’origine ukrainienne Dacha Burns de Politico, dans laquelle il a détaillé sa perception du conflit en Ukraine, les perspectives de négociation, ainsi que la situation précaire dans laquelle se trouve actuellement l’Europe.

Interrogé sur la question de savoir si le moment était venu pour l’Ukraine d’organiser des élections présidentielles, il a affirmé qu’il était temps pour le pays de permettre à nouveau aux citoyens de faire leur choix : « Oui, je le pense. Ça fait longtemps. La situation n’est pas très bonne. Oui, je crois qu’il est temps. Je pense que c’est un moment important pour organiser des élections. Ils utilisent la guerre pour empêcher ces élections, mais je pense que le peuple ukrainien doit avoir la possibilité du choix. […] Ils parlent de démocratie, mais ils en arrivent à un point où ce n’est plus une démocratie du tout ».

À la question de savoir quel est le pays qui se trouve aujourd’hui en position de force dans d’éventuelles négociations sur le conflit en Ukraine, il a répondu qu’il ne faisait aucun doute que la Russie disposait de l’avantage, en raison de son poids territorial et de ses capacités. Il a ajouté que, sans sa présence à la Maison Blanche, le monde aurait pu se rapprocher d’un conflit d’une ampleur bien plus grande. Il a également estimé que l’Europe ne parvenait pas, selon lui, à répondre à la situation actuelle de façon efficace.

Invité à réagir aux propos de son fils laissant entendre qu’il pourrait « abandonner » l’Ukraine, Trump a écarté cette lecture, tout en précisant que Kiev devrait, selon lui, faire preuve de coopération et s’ouvrir aux propositions de règlement. Il a souligné que l’asymétrie des moyens demeurait un facteur décisif dans tout conflit qui finissait généralement par peser sur son issue. Par ailleurs, le président a estimé que l’Ukraine n'était, jusqu’à présent, certainement pas en position de vainqueur et a rappelé l’ampleur des territoires qu’elle avait perdus.

Concernant une éventuelle proposition de paix refusée par Zelensky, Trump a affirmé que ce dernier devrait tôt ou tard accepter certaines concessions, car la dynamique actuelle du front lui est défavorable.

Les reproches  de Trump quant à la trajectoire européenne

Le président des États-Unis a également livré une critique virulente du rôle joué par les dirigeants européens qui, selon lui, encourageaient Kiev à poursuivre le conflit sans parvenir à gérer correctement ses conséquences. Il a indiqué que la situation révélait des défaillances profondes dans la manière dont l’Europe aborde ses enjeux stratégiques.

Donald Trump a mis notamment en cause les politiques migratoires européennes, qu’il juge catastrophiques, allant jusqu’à affirmer que plusieurs pays du continent pourraient ne plus être viables si la situation perdurait. Pour illustrer son propos, il s’appuie sur l’évolution de grandes capitales qu’il dit ne plus reconnaître. « L’Europe est... Si l’on regarde Paris, c’est devenu complètement différent. J’aimais Paris. C’est un endroit complètement différent de ce qu’il était avant. Si l’on regarde Londres, il y a le maire [Sadiq] Khan. C’est un horrible maire. C’est un maire incompétent, c’est un maire horrible, vicieux, dégoûtant. Je pense qu’il a fait un travail horrible. Londres est devenu un endroit complètement différent. J’aime Londres. J’aime Londres. Et ça ne me plaît pas du tout de voir ça. Mes racines sont, comme vous le savez, en Europe », a-t-il fait savoir.

En ce qui concerne l’avenir de l’OTAN, le chef de la Maison Blanche a rappelé qu’il existait depuis longtemps, avant même « l’ère Poutine », une forme d’accord implicite selon lequel l’Ukraine ne rejoindrait pas l’Alliance atlantique. Il a également souligné qu’il ne restait, selon lui, que très peu de pays susceptibles de devenir membres, ce qui rend la question de nouveaux élargissements largement théorique. Donald Trump a par ailleurs critiqué la stratégie initiale de Kiev, affirmant que, lors de sa première rencontre avec Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky avait exigé alors le retour de la Crimée et annoncé son intention d’intégrer l’OTAN, d’une manière que Trump a qualifiée de mal calibrée pour ouvrir des négociations. Il a ajouté que Zelensky avait obtenu de Joe Biden quelque 350 milliards de dollars, tout en soulignant que cette aide n’avait pas empêché, selon lui, la perte d’environ un quart du territoire ukrainien.