La rencontre entre Mohammed ben Salmane (MBS) et Donald Trump à la Maison Blanche a confirmé un virage stratégique majeur : l’Arabie saoudite veut faire de l’intelligence artificielle le cœur de son économie future. Le royaume ambitionne d’y consacrer 12,4 % de son PIB d’ici 2030, appuyé par 40 milliards de dollars d’investissements et une énergie bon marché idéale pour les data centers.
Avec HumAIn, nouvelle société pilotée par le Fonds d’investissement public, Riyad multiplie les partenariats avec les géants américains, de Nvidia à Qualcomm en passant par AWS, afin de bâtir des infrastructures capables d’alimenter ses propres modèles de langage et de produire une puissance de calcul à très grande échelle. L’objectif : devenir un exportateur majeur de capacités d’IA, dans un monde où la pénurie de puissance de calcul est considérée comme inévitable.
Concurrence des Émirats
Mais cette stratégie ambitieuse se heurte à plusieurs écueils. D’abord, la concurrence directe des Émirats arabes unis, déjà en avance avec G42 et le méga-projet Stargate, doté de l’un des futurs plus grands supercalculateurs au monde. Ensuite, la question des talents : malgré une jeunesse nombreuse et des formations en pleine expansion, Riyad peine à attirer les meilleurs spécialistes, souvent séduits par les infrastructures plus matures des Émirats.
À cela s’ajoute la fragilité financière du PIF, dont les ressources s’amincissent tandis que des projets emblématiques comme Neom ralentissent. Si l’IA constitue une priorité politique pour MBS, la soutenabilité de ces investissements reste incertaine.
Car derrière les promesses d’innovation plane un doute essentiel : l’IA rapportera-t-elle vraiment autant qu’espéré ? Si une bulle technologique venait à éclater, les pays du Golfe, dont l’économie dépend encore largement des hydrocarbures, pourraient en subir le contrecoup. L’avenir dira si l’Arabie saoudite peut transformer cet élan technologique en véritable diversification économique ou si elle court le risque d’un pari trop coûteux.